Publié le 14 mars, 2022

En prenant des mesures pour plafonner le prix de certains produits à forte consommation, le gouvernement ivoirien pense trouver une solution durable à cette crise de la cherté de la vie. Cependant, malgré ces mesures, les prix des denrées alimentaires n’ont pas forcément baissé. Les consommateurs continuent de se plaindre tandis que les commerçants se défendent toujours en rejetant la faute sur les grossistes… Les populations ne sont pas encore sorties de l’ornière. Nos reporters ont fait un tour sur certains marchés de la capitale économique…

Pour atténuer les effets de ce phénomène sur la vie de la population, le Conseil de ministre du mercredi 02 mars 2022, a pris une série de mesures. Subvention partielle des prix des produits pétroliers, notamment le gasoil, plafonnement sur une période de trois (3) mois, des prix de l’huile de palme raffinée, du sucre, du lait, du riz, de la tomate concentrée, de la viande de bœuf et des pâtes alimentaires ; élargissement de la liste des produits de grande consommation et services, dont les prix sont réglementés ; soumission à autorisation des exportations de produits vivriers de grande consommation, notamment la banane plantain, le manioc et dérivés (attiéké, placali,…), l’igname, le riz local, afin de garantir la desserte des marchés intérieurs ; allocation d’un appui financier aux acteurs du vivrier, afin de faciliter l’approvisionnement des marchés ; démantèlement immédiat des barrages routiers illégaux ; renforcement de la surveillance du respect de l’affichage et des prix des produits réglementés.

La galère continue…

Ces mesures ont-elles apporté la solution tant attendue par les populations ? Pas évident ! Les prix continuent d’être au même niveau qu’avant les mesures prises par le gouvernement. Les consommateurs accusent les commerçants de profiter de la situation pour faire de la spéculation.

« Nous constatons toujours l’augmentation des prix, surtout les produits de premières nécessité comme l’huile et les bouillons. Le problème se sont deux produits que j’achète souvent. Du coup nous sommes obligés de dépenser plus que ce qui a été prévu pour le marché », confie, déçu Blehi jean Hugues, un jeune étudiant qui vient régulièrement faire le marché au quartier « nouveau goudron » de Yopougon.  

Sur le banc des accusés, les commerçants sont pointés du doigt par les consommateurs. Pourtant, ces commerçants s’en défendent.

« Le prix en gros de Maggi tablette à augmenter. Nous achetions à 1300 Fcfa avant, aujourd’hui, on nous vend ce même produit à 1800 Fcfa. Une augmentation de 500 Fcfa de plus », rejette Céline, une vendeuse au marché Gouro de Yopougon, devant son étal. Même son de cloche pour Diallo Issouf : « On prenait les cartons de cubes à 29000 Fcfa avant la flambée des prix. Mais aujourd’hui ce même carton de cube est devenu 40.000 Fcfa. Donc pour tirer profit nous vendons en détail au prix de 3 à 100 F et 1 à 50 F. concernant l’huile, nous l’achetions à 20.000 F, aujourd’hui c’est à 26 000 F que nous achetons le bidon de 20 litres », enfonce-t-il, accusant du coup, les grossistes. Cissé Aliman, vendeuse de poisson au marché d’Abobo ne dit pas autre chose.  Pour elle, au-delà des denrées de bases : l’oignon, le riz, l’huile, les bouillons culinaires, le lait en poudre, l’oignon, etc., tout a augmenté. « Les cartons de sossos que j’achetais à 27.000 F sont à 30.000 F maintenant. Donc nous vendons à 1500f, 2000, et 2500f le poisson. Les clients se plaignent beaucoup, mais nous n’avons pas le choix. Quand les prix en gros grimpent, nous aussi nous sommes obligés d’augmenter à notre niveau pour avoir un bénéfice », se plaint-t-elle, Aliman.

Pour les grossistes comme pour le gouvernement ivoirien, les raisons de cette cherté de la vie tirent leurs causes dans les difficultés de transactions commerciales internationales, dues, selon eux, à la crise sanitaire de la covid-19 et ses conséquences.  

On revient à la normale petit-à-petit…

Pour de nombreuses femmes que nous avons rencontrés, les mesures du gouvernement depuis leurs annonces ont commencé à apporter des fruits. « En tout cas, ici à Cocody, les prix des denrées alimentaires de forte consommation ont été ramenés à leur coût initial d’avant les mesures du gouvernement. Les employés du ministère du Commerce veille au grain », révèle Mme N’goan Franceline, habitante de Cocody-Angré. En effet, le comité de lutte contre la vie chère a déployé ses membres sur les marchés pour veiller à l’application des mesures du gouvernement. Ce comité entend également sensibiliser les vendeurs et vendeuses sur le respect des prix planchés.

Dans les grandes surfaces de vente, les mesures du gouvernement sont suivies à la lettre. « Nous abstenons aux différents prix que l’Etat a fixé en collaboration avec les entreprises et les opérateurs économiques du secteur », informe Hamid Abdélaziz, tenancier d’un grand magasin de vente de riz et de sucre.

Au marché Gouro d’Adjamé, Mme Yvonne Goley Lou est en fond dans la sensibilisation à cet effet, de ses consœurs afin qu’elle n’augmente pas les prix. Même si au fond des quartiers, les boutiquiers et autres petits vendeurs continuent d’afficher les mêmes prix, les populations recommencent à sentir l’air de la délivrance. Certains produits connaissent sensiblement une baisse. Le prix du riz, du sucre, l’oignon, de la tomate est en baisse, selon les données du Clcvc. Le prix de la tomate qui était à 1000 F le Kg est passé à 850 F. L’oignon violet de 12.500 F le sac de 25kg devient 10.000 F et l’oignon blanc de 8500 F passe à 7500 F. Sauf que les produits vivriers de grande consommation attendent toujours une diminution de leur prix.

Bekanty N’ko

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