Publié le 17 février, 2021

En Côte d’Ivoire, aucune cérémonie ne débute sans un minimum de rituel religieux. Chez tous les peuples Akan, la libation a un sens bien profond.

Les scènes de libation, en Côte d’Ivoire, ont résisté à la modernité au point où elles relèvent partout d’une banalité. Chez les Akans, de l’événement anodin au plus important, tout commence par la présentation d’une boisson en offrande à un Dieu, en renversant quelques gouttes sur le sol. Pour Nanan Koffi N’Goran, chef de la communauté des ressortissants de Labokro dans le département d’Attiégouakro à Abidjan, la libation est avant tout une prière. « On invoque d’abord Dieu, notre créateur et mais aussi le créateur de la terre qui nous héberge », explique le patriarche, qui s’est confié à VoixVoie De femme dans sa concession à Youpougon selmer ce mardi 9 février 2021.

A l’en croire, le refrain est généralement le même : « Dieu et la terre, nous sommes en train de faire un événement. On aimerait qu’il se passe bien ». « La libation est faite pour invoquer les esprits des ancêtres. Africains que nous sommes les morts ne sont jamais morts. L’esprit de tous ceux qui nous ont précédés auprès de Dieu ; qui ont apporté une pierre à l’édification du village, d’une région notre contrée, nous les implorons. À ce titre quand il y a une manifestation ou des rituels il est très important qu’on les invoque, qu’on invoque Dieu, les mânes pour qu’ils viennent bénir le village et la cérémonie », ajoute Nanan Agoh Gérard, chef du village de Monga, dans le département d’Alépé. Selon ce notable que nous avons eu au téléphone, ce rituel est incontournable chez tous les Akans.

Il s’agit notamment des Bron, des Adjoukrou, des Baoulé, des Agni, Attié, les Appolon des Abbey, des Abidji, des Alaladjan, des Abouré, des Ebrié, des Avikam…

Nana Koffi N’Goran fait remarquer que ces peuples, en général, utilise la liqueur (Gin ou Ruhm) pour ce rituel. Bien que certains aient quelques spécificités. Chez les Gwa (M’Gbatto) , selon Nana Agoh Gérard, chef du village Monga dans le département d’Alépé, le Gin est utilisée dans les cérémonies de réjouissance. Alors que le Ruhm est offert dans les cérémonies de purification.

Chez les Baoulé, le Ruhm est rarement utilisé. Selon Nanan Koffi N’Goran, ces derniers utilisent le Gin ou de l’eau. Mais l’eau est particulièrement utilisée durant les cérémonies de règlement de conflits. « Lorsqu’une affaire (conflit, ndlr) chaude doit être refroidie, on prend de l’eau. Lorsqu’on veut avoir quelques choses, il faut quelque chose de chaud pour l’obtenir. C’est un combat, alors il faut la liqueur, essentiellement du Gin, pour symboliser cette vivacité qui conduise à la victoire. Pour les cérémonies de réjouissance, cela dépend des moyens des organisateurs. Ils peuvent prendre le Gin. A défaut, ils peuvent s’en remettre à l’eau », détaille la tête couronnée du village de  Labokro.

Nanan Koffi N’Goran, chef de la Communauté Baoulé de Lodokro à Abidjan.

Les Agni, eux, mettent en avant exclusivement le Gin. « Pour tous types de cérémonie, c’est cette liqueur », insiste Nanan Koffi Bléou, un notable du village d’Assalé Kouassikro, précisant que, quelle que soit l’ethnie, ce rituel est exécuté par un chef ou un notable.

« Pour faire la libation, on met la boisson dans un verre. Lorsqu’on t’a servi la boisson, c’est à terre qu’on verse. En prononçant des phrases qui appelle l’esprit des mânes, des ancêtres. La libation se fait au cours des cérémonies de dot, funérailles, querelles, une manifestation et des rituels », note également le chef du village de Monga, Nanan Agoh Gérard.

Audrey Apie ( stagiaire)

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