Publié le 4 janvier, 2022

La fête de l’igname marque, en pays agni, le passage de l’année finissante à la nouvelle année. Et est l’opportunité idéale pour le peuple, faisant corps avec son roi, pour former des vœux de prospérité et de santé pour tous, ainsi que l’occasion de conjurer le mauvais sort aussi bien pour le peuple agni et au-delà pour la Nation ivoirienne. 

La fête de l’igname, il faut le noter, est une manifestation culturelle vieille de plus de 300 ans. Elle est célébrée par les Akan de façon exhaustive.  Elle est, d’abord, une action de grâce rendue par les vivants aux esprits divins auxquels la terre doit la paix et la fécondité.  Ensuite, elle est la commémoration des morts qui ne cessent de veiller sur les hommes et de leur procurer tout ce qui leur est nécessaire pour vivre heureux. Elle est, enfin, pour le peuple une occasion de purification et de réjouissance dans la paix et l’abondance retrouvées.

En Côte d’Ivoire, de nombreux peuples célèbrent la fête de l’igname. Les Agni, Baoulé, Bron, les Koulago, les Abbey…commémorent cette fête qui revêt un caractère spirituel et l’autre festif. Cependant, Chaque peuple l’agrémente avec ces rites et coutumes.

D’un peuple à…un autre

A Tanda, précisément dans le village de Guiendé, chez les Bron, ce village est la première localité à célébrer la fête de l’igname qui marque l’entame des célébrations, dans une quarantaine de jours, dans d’autres villages de la région.

La dernière célébration s’est tenue le mercredi 01 septembre 2021. Ces réjouissances répondent à une tradition qui dit que chaque année la consommation de ce tubercule doit d’abord être célébrée dans cette localité.

Deux temps forts ont marqué cette cérémonie. L’un des temps forts a été la longue procession vers la rivière sacrée en compagnie de plusieurs autres guides coutumiers où s’est tenue l’étape de purification du chef de Guiendé et de sa population suivie de bénédictions pour la nouvelle année qui débute avec la fête de l’igname.

La fête de l’igname à Guiendé tire son origine du fait que le roi des Bron, Nanan Koffi Kosrom, a fait appel au fondateur de Guiendé, le chef guerrier, Nanan Kouakou Fiéni pour conquérir d’autres territoires et pacifier les peuples environnants. Mais, le royaume fut confronté à une terrible famine qui obligea Kouakou Fiéni à proposer à son roi de consommer un tubercule d’igname découvert dans la région.

Ensuite, il autorisa les membres de sa cour à en faire de même 44 jours après que son chef guerrier a accompli cet acte qui n’eut aucune incidence sur sa santé. C’est depuis cette date que le village de Guiendé fut le premier à célébrer la fête de l’igname avant d’ouvrir la voie à d’autres localités de la région.

À Arrah, c’est le vendredi 17 décembre dernier que le peuple Agni a choisi pour célébrer la traditionnelle fête des ignames. Pour sa 16ème année de royauté, Nanan Tehua 2, roi de la tribu Ahua est très heureux de célébrer avec son peuple ce grand jour.

Deux temps forts dont le volet spirituel et celui festif marquent les festivités. Sur le plan spirituel, les initiés se rendent dans la forêt sacrée durant une semaine environ pour implorer les dieux d’accorder l’ouverture des festivités. Pendant cette période, il est formellement interdit de pleurer en cas de décès ni de creuser la terre pour une quelconque inhumation. Dès que l’accord est donné, les initiés vont procéder à une purification des lieux en faisant trois tours du village mini des flambeaux de feu accompagné de la danse sacrée. Après cela, le tam-tam sacré retentit pour annoncer l’ouverture des festivités. En ce qui concerne les festivités, c’est les réjouissances totales. Et, la fête se déroule généralement sur la place publique du village. Le passage du roi dans la ville a été un fait marquant de cette célébration.

À Agnibilékrou, la fête de l’igname rend hommage au tubercule nourricier qui sauva le peuple agni dans son exode de l’ancien royaume Ashanti (actuel Ghana) vers le territoire de la Côte d’Ivoire. A cette occasion, la consommation d’igname est interdite, il n’est utilisé qu’à des fins de rites purificateurs.

Lors de cette fête, les populations dansent et chantent aux rythmes des danses traditionnelles sous l’autorité du roi. C’est l’occasion de remercier les « esprits » des ancêtres pour avoir favorisé l’abondance dans la nouvelle année et veillé sur le peuple. Le roi dit merci aux mânes tutélaires et leur demande de veiller sur la paix et la cohésion sociale en Côte d’Ivoire.

Les peuples qui célèbrent la fête de l’igname sont tenus de le faire chaque année pour conjurer le mauvais sort et rentrer dans la nouvelle année avec la bénédiction des ancêtres et des dieux qui les protègent. Une fête qui reçoit de nombreux invités venus du monde entier. Le roi de l’Angleterre et ceux des peuples du Ghana, du Bénin ont pris part à ces festivités.

Djolou Chloé

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