Publié le 14 juillet, 2020

Expert en genre, droits humains, démocratie et bonne gouvernance, N’Dete Clovis Delacroix  est par ailleurs le 1er vice-président, Chargé de programme et de communication au sein du comité de coordination pour la participation politique des femmes (2c2pf). Dans cette interview, il parle des actions communicationnelles dont des films, des spots, en vue d’inciter les femmes ivoiriennes à la participation politique.

Qu’es ce que le 2c2pf ?

 Il s’agit du comité de coordination pour la participation politique des femmes. C’est une plateforme des organisations de la société civile qui œuvre à l’amélioration de la représentativité des femmes dans les assemblées élues et dans les sphères de décision. Le 2c2pf lutte pour les droits des femmes, l’autonomisation des femmes et veille au respect des engagements internationaux de la Côte d’Ivoire relatifs aux inégalités. Il existe depuis 2017 à l’initiative du National Démocratic Institute (NDI) en collaboration avec le ministère de la femme de la famille et de l’enfant d’alors sous la houlette du professeur Mariatou Koné.  A l’issu de nombreux ateliers et séminaires, le 2c2pf a vu le jour.

Quelles sont les actions de ce comité ?

Le 2c2pf intervient dans le cadre d’un programme dans lequel nous avons un projet dénommé ‘’appui à la participation politique des femmes pour une transition pacifique et inclusive’’. Il est financé par l’agence des Etats-Unis pour le développement international (Usaid) avec l’appui technique du NDI. Dans la réalisation du projet nous avons confectionné des outils de communication, nous avons un prêt à diffuser (PAD) un film de 13 minutes, en plus il y a  des spots en langues locales et en français. En tant que spécialiste des questions de marqueting et de communication publicitaire, j’ai voulu innover en proposant un spot en slam. J’ai pu approcher Christiana  Ohouna une slameuse talentueuse pour le spot en français.  Ce n’est pas une action culturelle que nous avons voulu mener, mais c’est dans la dynamique communicationnelle que nous avons opté pour le slam.

Pouvez-vous en dire plus ?

Les spots sont généralement de courtes durées donc 30 secondes selon les canaux, les supports médias télé, radio… Nous avons voulu quelques chose de percutant qui puisse attirer l’attention des femmes de la population ivoiriennes c’est pourquoi nous avons opté pour le slam. Les premiers retours sont bons, les gens sont tombés sous le charme du message et la qualité du timbre vocal de la slameuse. Ce n’est pas une tournée de sensibilisation en quelque sorte nous avons des séances de discussions locales qui ont déjà commencé. Dans ces séances, nous discutons avec les femmes des partis politique et des organisations de la société civile autour de la thématique ‘’Femme, engagement politique et processus électoral’’. Nous avons sillonné les communes de Yopougon, Koumassi,  Abobo Ayaman et les villes de Bouaké et Man. Le samedi 18 juillet, nous le feront  à Ouangolodougou. Dans ce programme, nous avons 17 localités à visiter. Ces localités ont été choisies par le bailleur du programme, c’est un choix arbitraire qui répond aux critères des bailleurs (Usaid et le NDI).

Quelle cible voulez-vous atteindre à travers ces spots ?

Les spots s’adressent à toute la population. Relativement aux séances de discutions ce sont des localités déjà choisies par les bailleurs qui font partir du programme. Il  ne s’étend pas dans toutes les localités, mais les diffusions peuvent se faire partout. Le programme s’étend sur 16 mois. Les séances de discussions vont s’étendre sur plus de 6 mois et les spots seront diffusées jusqu’aux élections législatives, aux élections municipales, régionales, toutes les élections des assemblés élues seront concernées par la diffusions des spots. Ces spots parlent de la vulgarisation de la loi favorisant la représentation de la femme dans les assemblées élues. Depuis le 14 octobre 2019, le président de la république Alassane Ouattara a promulgué cette loi laquelle loi en son article 3 dispose que désormais, un quota minimum de 30% de femme est requis pour les scrutins.

Quels messages diffusent ces spots ?

Les Spots sont en français et dans 7 langues locales. En Guéré,  Yacouba, Bété, Baoulé, Sénoufo, Malinké et Ebrié. Ils véhiculent le même message de sensibilisation et de vulgarisation de la loi. Il faut que les femmes de la Côte d’Ivoire, des partis politiques puissent voir la pertinence de cette loi afin de l’intégrer dans le processus électoral qui vient de commencer.

Avez-vous déjà utilisé cette stratégie auparavant ?

En 2017 il y a eu déjà un plaidoyer mené par le comité dans le cadre d’un financement d’une aide. A cet effet, nous avons rencontré toutes les institutions, les partis politiques, les femmes parlementaires, les députés, les chefs religieux pour voir leur perception de la participation politique de la femme. Nous voulions savoir comment ces derniers comptaient régler la question de la parité et l’avant-projet de loi qui avait été proposé et qui parlait de parité. C’est cette loi qui a évolué pour donner aujourd’hui la loi favorisant la représentativité des femmes dans les assemblées élues ou la loi sur le quota où le quota de 30% minimum est requis. Cette fois  (en 2017), il y a eu un film intitulé ‘’l’oiseau a deux ailles’’ dans lequel on sensibilisait sur cette question de représentation. On présentait déjà l’intérêt, l’importance, l’urgence d’aller à la parité. L’oiseau a deux ailles, avec une aille ce n’est pas possible de s’envoler. Il faut obligatoirement les deux pour le faire.

Que pensez-vous du Slam ?

Le slam est un canal qui permet de véhiculer de façon efficace le message. Nous ne nous sommes pas trompés dans notre choix  de faire le spot français en slam. Le bailleur l’a apprécié et tous ceux qui l’écoutent vraiment l’apprécient.

Réalisée par Marina Kouakou

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