Publié le 11 mai, 2021

A l’instar des silures (poissons d’eau douce bannis de plusieurs recettes culinaires), dans plusieurs régions et villages de la Côte d’Ivoire, on y trouve des eaux dites ‘’mystérieuses’’, pour de diverses raisons. Enquête express

L’eau sacrée ‘’Bokoré’’.

‘’Bokoré’’ est un petit village de Tanda, (ville de l’est de la Côte d’Ivoire, dans la région du Zanzan avec une population estimée à 22 225 habitants en 2010).

Selon Atta Yao, Sachant, ce petit village aurait vu le jour avant Tanda. ‘’ ces villages ont été créé par deux frères. Le petit frère créa Bokoré, avant le grand frère qui s’installa à Tanda’’, précise-t-il.

« Les poissons ne cuiront jamais quelques soit le temps de cuisson »

Cet endroit paisible, calme et reposant, contient une eau dite ‘’sacrée’’. Il faut s’abstenir de pêcher et de manger les poissons de la petite rivière située à quelques encablures de la forêt. « Si vous le faites, vous êtes considérés comme une personne qui mange ses semblables et qui a violé la loi. Il y a donc une amende à payer pour éviter que la malédiction ne s’abatte sur vous. Seul le Chef connait la liste des choses à payer pour la libation ».

En plus, « les poissons ne cuiront jamais quelques soit le temps de cuisson. Il y aura toujours du sang à l’intérieur », indique le Sage.

L’explication de cette interdiction remonte aux temps anciens, lorsque le village fut attaqué. « C’était une sorte de guerre. Les assaillants ont réussi à tuer sept personnes. Pour éviter qu’ils massacrent tout le village, l’un des habitants les transforma en poisson. Malheureusement, il fut aussi tué », révèle-t-il. Du coup, les habitants transformés n’ont plus retrouvé leur forme initiale. Depuis ce temps, il est strictement interdit de consommer les poissons de cette rivière et d’y entrer après 18 heures.

Mais, il est possible de visiter ce lieu. Seulement, il faut rencontrer le chef du village bien avant, pour lui faire part du désir de visite pour autorisation et instructions quant aux interdire. « Ensuite vous irez avec de la nourriture, à jeter à l’eau. Une fois ces conditions remplies, vous verrez les poissons. Ils sortent parfois sans sacrifices, mais les jours ouvrables, surtout le plus gros poisson qui a des cauris sur la tête », fait savoir Atta Yao Abraham.

Le Lac Gbamblê

Le lac situé à Gbamblê, village qui fait frontière au sud avec Azurreti et au nord avec Modeste, n’est pas en marge de ces eaux mystérieuses. En effet, de nombreuses noyades mystérieuses y sont enregistrées la majorité d’entre elles s’y retrouvent le plus souvent pour des sorties amicales.

« Ce village était anciennement habité par les Abouré. Il y a un génie, qui selon les anciens est un génie de fertilité et de réjouissance », Raconte Ehousso Jean qui affirme détenir cette histoire de son père.

A en croire le site culturiche ( une agence de promotion des Arts et de la Culture en Afrique, basée en Côte d’Ivoire), un ancien de cette ville avait évoqué ce sujet sur les antennes d’une radio en l’an 2015, attirant ainsi la vigilance des autorités coutumières qui a par la suite décidé de fermer l’espace de détente aménagé autour du cours d’eau, et de faire des libations et sacrifices pour conjurer le sort. Six ans plus tard, c’est-à-dire le 19 février 2021, les Abouré ÊHÊ se sont rendus sur ce site pour une cérémonie de libation à la mémoire des ancêtres du peuple Abouré ayant sejourné a Azuretti avant de traverser la lagune pour Gbamlê à travers les honneurs rendus au génie des lieux appelé Kaman N’Gohou.

‘’Koué Koué’’, la rivière d’Alépé interdite aux étranger

A Alépé, plus précisément dans le village de Monga, il existe une rivière strictement interdite aux étrangers. Elle se nomme ‘’Koué Koué’’.

 « Si l’étranger accède à cette eau malgré l’interdiction, il risque de perdre la vie. Cette eau est mystique et utilisée pour faire des adorations. Les tradipraticiens y viennent faire également leurs rituels. Elle est très dangereuse, parfois elle change de couleur », Témoigne Christelle A, qui se souvient d’un étranger qui avait ignoré l’interdiction. « Le village était inondé, l’eau a coulé et rejeté les poissons qui s’y trouvaient. Elle est ensuite devenue clair alors qu’elle était verte bien avant. On a dû faire des caniveaux pour le passage de l’eau et même des rituels pour ne pas que la personne meurt. Les génies étaient vraiment fâchés », ajoute-t-elle.

A l’instar des la rivière sacrée de Bokoré, le lac de Gbamblê et ‘’Koué Koué’’, la rivière d’Alépé, le village ‘’Bacon’’ non loin d’Akoupé (une ville du Sud-Est de la Côte d’Ivoire, située à 142 km d’Abidjan), détient également une eau nommée ‘’Bongouan’’.  L’interdiction ici s’en tient à la consommation de l’eau et la pêche pour les originaire du village. Angelina N, se souvient encore du sort qu’elle a subi après s’être ‘’jouée les têtues’’.

« Il y a vraiment longtemps, j’étais encore une enfant. Après avoir effectué plusieurs travaux aux champ j’avais tellement soif que je me suis entêtée à boire cette eau, malgré qu’elle avait une couleur pas très nette et que ma cousine n’en voulait pas.

Quelques temps après, lorsque je suis revenue Abidjan, je suis tombée gravement malade. Malgré les traitements, je ne guérissais pas, c’est ainsi que ma grande mère a cherché à comprendre ce que j’avais fait au village, lorsque je lui ai expliqué, elle était sûre que je payais cash pour mon acte », raconte la jeune dame qui garde ce souvenir bien loin maintenant.

Marina Kouakou

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