Dr Ben Balla Koné invite les populations à se faire dépister.

Publié le 15 décembre, 2020

L’hépatite est une inflammation du foie. Quelle est la prévalence de cette maladie en Côte d’Ivoire, combien en guérit-on ? Le médecin généraliste, Dr Ben Balla Koné, livre dans cette interview accordée à VoixVoie De femme, de précieuses informations sur l’hépatite.

Qu’est-ce que l’hépatite ?

L’hépatite est une inflammation du foie, l’un des plus gros organes internes de l’organisme, souvent comparé à une usine où l’organisme stock certaines réserves nutritives et aussi un lieu de détoxification de certaines substances présentes dans les aliments.

Cette inflammation est le plus souvent causée par une infection due à un virus, mais parfois par l’alcoolisme, ou par une intoxication par un médicament ou par un produit chimique, on parlera d’hépatite de cause non virale.

Quelles sont les différentes formes de l’hépatite ?

Alors le sujet du jour étant spécifique aux hépatites virales, nous allons nous focaliser sur elles. Les hépatites virales, sont donc des inflammations du foie causées par une infection à un virus.

A ce jour, 5 virus provoquant une infection ciblée et une inflammation du foie ont été identifiés. Ces virus, désignés par les lettres A, B, C, D, et E, diffèrent par leur mode de transmission (féco-orale pour les virus A et E ; parentérale pour les virus B et C) et leur agressivité.

L’hépatite virale B est le du type d’hépatite le plus fréquent dans le monde, et aussi le plus mortel.

En Côte d’Ivoire, la prévalence est estimée à 12% de la population pour l’hépatite B.

Comment se manifeste l’hépatite et ces différentes formes ?

L’hépatite B aiguë est souvent asymptomatique (pas de signes), ou provoque des symptômes évoquant une grippe (perte d’appétit et troubles digestifs, nausées, vomissements, fatigue, fièvre). Une personne infectée sur trois présente les symptômes caractéristiques d’une inflammation aiguë du foie (jaunisse ou ictère, urines foncées, selles décolorées).

Il est important de souligner que chez près d’une personne sur 10, et encore plus fréquemment chez le nourrisson et l’enfant en bas âge, l’hépatite B aiguë ne guérit pas et devient une infection chronique. La plupart de ces porteurs chroniques n’ont pas de symptômes apparents bien que leur foie présente des signes d’inflammation et qu’ils restent susceptibles de contaminer leur entourage

Le virus de l’hépatite B se transmet au moment des rapports sexuels (le sperme et les autres liquides biologiques en contiennent) et par le sang. Il est de 50 à 100 fois plus infectieux que le virus du sida. L’échange de seringues contaminées peut provoquer sa transmission. La grande majorité des personnes infectées parviennent à combattre complètement l’infection. Environ 5 % restent infectées de façon chronique et sont dites « porteuses » du virus. Les porteurs n’ont pas de symptômes, mais ils courent un risque élevé de souffrir de cirrhose du foie ou d’un cancer du foie, des maladies potentiellement mortelles. Une mère porteuse peut transmettre le virus à son enfant à l’accouchement.

L’hépatite C se transmet également par l’intermédiaire du sang et des liquides biologiques tout comme l’hépatite virale B, c’est un virus très résistant qui évolue dans 80% des cas vers la chronicité et la destruction du foie.

Le coût du traitement est d’environ combien ?

Il n’existe pas de médicament permettant de traiter une hépatite aiguë pour améliorer les chances de guérison. L’efficacité des produits dits hépato-protecteurs (protégeant le foie) n’est pas démontrée. La personne infectée doit attendre que le système de défense de son organisme vienne naturellement à bout des virus. Aussi longtemps que la guérison n’est pas intervenue, les liquides et sécrétions naturelles du corps – sang, sperme, sécrétions vaginales, salive – restent contagieux. Une fois l’hépatite guérie, le foie retrouve un état normal et le patient est alors protégé toute sa vie contre cette maladie.

L’hépatite B chronique est traitée chez certains par l’Interféron-alpha et par des médicaments anti-viraux spécifiques comme la Lamivudine, l’Adefovir ou l’Entecavir, mais il s’agit de traitements dont le coût se chiffre en millions de franc cfa les malades de nos pays en développement ne peuvent s’offrir.

 De plus, des virus résistants se développent fréquemment lors de ces traitements. En cas de cirrhose (complication des hépatites), une greffe du foie peut être pratiquée.

Les médicaments sont prescrits afin de ralentir la progression de la maladie en maintenant le virus à un niveau bas et en évitant les lésions du foie et peuvent durer plusieurs mois jusqu’à 1an en moyenne.

Pourquoi un coût de traitement si élevé ?

Les laboratoires Pharmaceutiques pourraient mieux répondre à la question cependant, ce sont des médicaments spéciaux dont la fabrication demande de gros efforts et la solution réside certainement dans une prise en charge par nos gouvernements ou certaines ONG comme pour les ARV.

Quelles sont les difficultés dans la prise en charge sanitaire ?

Alors, le caractère asymptomatique de la maladie fait que les patients arrivent en général à l’hôpital au stade des complications rendant le pronostic hospitalier sombre. Le manque de moyens des populations constitue un véritable obstacle à la prise en charge des patients (Bilan cliniques, radiologiques et biologiques).

Avez-vous un message à l’endroit de la population ?

Il vaut mieux prévenir que guérir, et nous avons la chance d’avoir un vaccin présent et même gratuit chez les nourrissons, il ne faut donc pas hésiter à faire vacciner systématiquement les nouveau-nés, également les adultes peuvent se faire vacciner dans les centre de l’institut national d’hygiène publique.

« Faites-vous dépister, faites-vous vacciner et faites vacciner vos enfants, vos proches. »

Nous avons également la chance d’avoir un programme national de lutte contre les hépatites qui œuvre à l’amélioration de la prévention et de la prise en charge des patients malades et cela signifie donc l’espoir et l’assurance d’un accompagnement de qualité pour les patients.

Réalisée par Marina Kouakou

Ajoutez votre commentaire