Publié le 27 mai, 2021

Professeur titulaire de nutrition et biochimie à l’université Nangui Abrogoua, d’Abobo-Adjamé, Gbogouri Grodji Albarin a développé une gamme de produits alimentaires favorables à la santé, dont l’Attiéké diététique déjà sur le marché et enrichi sur trois gammes : Soja, Oméga 3, et vitamine A. Voix Voie De Femme vous propose la deuxième partie de l’interview accordée à l’enseignant-chercheur à l’université le 14 mai 2021.

Il n’y a donc pas lieu de craindre des effets secondaires ?

Pour l’instant non. Nous n’avons pas testé sur les hommes. Nous avons fait des études de laboratoire et nous avons fait les études sur les rats. Il y a des études de consommation, et les études cliniques. C’est l’une des dernières étapes en termes de validation du processus. En réalité on n’a pas constaté d’effets secondaires. Il y a eu aucun décès parmi les rats. Il n’a pas eu d’effets secondaires. Au contraire, on a eu des effets très positifs. Tous les produits utilisés sont déjà consommés naturellement. Il n’y a pas eu de produits chimiques. Donc très faible chance d’avoir un effet secondaire. Il ne s’agit pas de médicaments, mais d’alicaments. Les médicaments diététiques sont 100% naturels. On essaie de faire de notre mieux pour éviter les produits chimiques.

Nous savons tous que la recherche nécessite d’importants moyens financiers. Comment avez-vous pu financer cette recherche durant toutes ces années ?

Quand j’ai commencé ce projet en 2014, il y a eu une crise importante sur le manioc. Sur des appels à projet, j’ai écrit ce projet. Je l’ai soumis à des financiers, mais je n’ai pas eu d’accompagnement. Nous avons financé ce projet avec ma petite équipe composée d’étudiants et moi-même. C’est à des coûts très importants. Les études sur un produit pendant 6 ans, c’est vraiment des coûts élevés, mais cela montre qu’on peut y arriver. Mais je signale au passage qu’il y a des structures qui m’ont aussi accompagné comme I2T et l’Université ou j’enseigne qui m’a donné la possibilité de faire des analyses, de faire des productions à petites échelle. S’il y a un financement on peut multiplier et c’est bon pour la santé.

Je travaille avec des enseignants-chercheurs, Assistants, Doctorants et des Masters. L’équipe n’est pas fixe.  Sur l’année je peux avoir 5 à 10 masters, quand ils finissent ils s’en vont. Actuellement j’ai environ une dizaine de doctorants qui travaillent sur des sujets divers. Chacun à contribuer. Pour ce produit on était environ 4 à 5 personnes. Certains sont allés dans des institutions, mais le travail continu.

Quel est le degré de soutien des pouvoirs publics à la recherche ?

Ce problème concerne effectivement tous les chercheurs. J’aimerais que les pouvoirs publics sachent qu’il y a des chercheurs qui peuvent trouver. C’est l’appel que je peux lancer. Je suis à l’image de tous les enseignants chercheurs de Côte d’Ivoire, qui bénéficient effectivement de ce qu’ils peuvent bénéficier dans le cadre de leur recherche, mais ces soutiens ne peuvent pas permettre de faire de la recherche et de la rendre visible. Cependant je suis chercheur, je bénéficie de l’environnement de la recherche, je bénéficie des laboratoires et des équipements qui s’y trouvent. L’État peut faire mieux. Je souhaite qu’il jette un coup d’œil favorable afin d’aider à ce qu’on puisse trouver du travail à la jeunesse et permette à la population de consommer sain. Le secteur privé peut aussi nous accompagner.

Outre les difficultés d’ordres financières, quelles autres difficultés rencontrez-vous dans la recherche?

Les difficultés sont inhérentes à la vie, au combat de tous les jours. En réalité, effectivement, mon objectif et la vision, c’est de permettre à ce que la jeunesse travaille, à ce que la population puisse profiter de nos connaissances. Ces difficultés sont minimes, il faut que ce projet puisse connaitre le succès.

Comment faire revenir l’attiéké ?

Pour l’attiéké riche en oméga 3 et au soja, il faut juste couper l’entête, le mettre dans soupière. Si on prend toute 500 g, techniquement et scientifiquement, on va prendre une quantité d’eau équivalente. On va donc prendre environ 500 ml d’eau, au maximum sinon moins. On va prendre cette eau là et asperger progressivement sur les grains et mélanger pour que l’eau puisse entrer dans les interstices  et réhydrater. Une fois mélangé et aspergé, il faut fermer la soupière. On laisse reposer pendant 10 à 15 minutes. Entre temps l’eau est chauffée et le couscoussier est au feu. Après 15 minutes, on verse l’attiéké dans le couscoussier et autour de 15 minutes, c’est prêt. Il revient comme l’attiéké normal.

Pour celui qui est riche en protéine, en lipide (vitamine A), il faut mettre beaucoup moins d’eau. Une fois mouillée on fait cuit.

Où peut-on les avoir  et combien coûtent-ils?

Ces produits sont disponibles à notre cabinet. Angré CHU. Il y a des cabinets diététiques connus qui les commercialisent. Nous avons entamés le processus pour les supers marchés. Nous sommes encore dans les démarches pour les mettre dans les centres, officines et autres.  Nous faisons des paquets de 500 g (une portion de 5 personnes) à 2000 FCFA. Pour faire connaitre le produit ont a décidé de le faire ainsi pour qu’il soit accessible.

 Pouvez-vous satisfaire la demande s’il advient qu’elle devient forte ?

Selon des résultats de recherches, les ivoiriens consomment autour de 45 000 tonnes d’attiéké par an. Autour de 35 kg d’attiéké consommés par un individu par an. Nous pouvons produire actuellement, si les conditions sont minimes, deux tonnes d’attiéké séchés par semaines. Si les équipements sont là on peut multiplier. Ce sera difficile de répondre aux besoins, mais avec de l’aide nous pouvons faire mieux.

Avez-vous pensez à une politique pour que les personnes à l’extérieur puissent s’en procurer ?

Oui et j’en appel pour tous les partenariats possibles. L’attiéké va aujourd’hui très loin et on a déjà envoyé quelques échantillons à l’extérieur surtout pour la diaspora qui a besoin de l’attiéké de qualité, de l’attiéké nutritif et qui sort de la recherche, avec des effets prouvés. Nous avons fait un dépôt de brevet pour cela. On aura la suite. On essaie de chercher les partenaires extérieurs pour que ces produits soient aussi disponibles à l’extérieur.

Quels sont vos projets à long terme ?

Je voudrais que ce produit soit connu et consommé par les Ivoiriens et par tous ceux qui le consomme à travers le monde. C’est une grande première. C’est le premier attiéké enrichi dans le monde. Et il doit être connu par tous.

Il y a d’autres enrichissements en cours bientôt effectifs. Il en a déjà, mais on attend le moment. Comme je l’ai fait pour l’attiéké depuis 5 ans ou 6 ans pour respecter la rigueur scientifique. Il faut s’assurer que quand on le consomme il n’y a pas de risque. On va continuer à enrichir les aliments locaux, à donner des conseils nutritionnels aux populations, continuer à encadrer et à former les nutritionnistes en Côte d’Ivoire, puisque je suis responsable de filière nutrition à Nangui Abrogoua.

Avez-vous quelque chose à ajouter ?

Je remercie toute la rédaction de Voix Voie De Femme qui me donne l’occasion de présenter ce produit. Je suis assez content et impressionné par ce soutient que vous nous accordez. Ces produits on fait l’objet d’études prouvées. L’assurance qualité est de mise. Je voudrais dire aux ivoiriens de s’approprier ces produits,  et de manger sain. Je suis membre du Conseil national pour la nutrition qui, au niveau national gère la nutrition. Je souhaite aussi vivement des partenaires de sorte à en produit davantage pour que le produit soit accessible à tous. Dieu nous a fait la grâce d’apprendre et nous voulons le mettre à la disposition des populations. Bon appétit et merci encore pour votre soutient.

Interview réalisée par Marina Kouakou

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