Kouamé Ya Léa, grande connaisseuse des us et coutume du terroir akan fait des révélations.

Publié le 1 décembre, 2020

Chez les Akans, le passage du statut de jeune fille à celui de femme nécessite un rituel. Cette pratique coutumière ancestrale est conduite pour protéger les progénitures de la future mère, selon Kouamé Ya Léa, grande connaisseuse des us et coutume du terroir. La dépositaire de serment s’est ouverte, à VoixVoie De femme.

Chez les akans, la jeune fille est souvent soumise à une pratique consistant à la préparer à devenir une femme. En quoi consiste concrètement cette pratique ?

Il s’agit de la cérémonie de lavage du « Ba Kékan », qui signifie : « l’enfant a grandi ou la fille est devenue femme ». Tous les Akans, notamment les Baoulé et les Agni connaissent bien cette cérémonie. Sans être passée par ce rituel, une fille akan n’arrive pas à devenir une femme, une mère accomplie.

Comment ça se passe concrètement ?

Tout commence le jour ou la nuit où la petite fille voit ses menstrues pour la première fois. Les parents ayant constaté cela vont désigner une autre femme pour s’occuper de son lavage. A son réveil, cette dernière vient appliquer sur son corps une décoction de feuilles et de kaolin. On l’envoie ensuite au marigot pour le lavage proprement dit. Cette étape est capitale. Chez les Akans tant qu’on n’est pas passé par étape, on demeure jeune fille… Après ce cérémonial, on lui fait manger du foufou assaisonné d’œufs préparé. Et depuis ce jour, elle doit informer ses parents chaque fois qu’elle voit ses règles. Cela permet aux parents de suivre la fille.

Quel danger court une fille qui ne passe pas ce rituel ?

Le premier enfant né de femmes n’ayant pas sacrifié à ce rituel n’est pas véritablement reconnu par la famille. Pour ce faire, on confie cet enfant a une tante ou un oncle de la famille. Et la mère biologique doit se tenir loin de lui. Elle n’a plus de relation avec sa progéniture. Elle peut, certes, le voir. Mais elle n’aura aucun droit sur lui. Pour le bonheur de l’enfant, on conseille même à la mère biologique de ne pas l’approcher.

Cette pratique est-elle encore en vigueur aujourd’hui ?

Oui dans la plupart des villages, on pratique Ba Kékan. Toutes les femmes qui ne sont pas passées par ce lavage et qui font leur premier enfant doivent accepter de l’abandonner à un membre de la famille. Celles qui n’ont pas fait le lavage, quand elles doivent accoucher, elles quittent leur village… pour les villes où la pratique n’existe pas.

Ne pensez-vous pas que cette pratique est caduque et qu’elle peut avoir des conséquences sur les familles modernes ?

Oui dans une certaine mesure où elle sépare l’enfant de la mère. Mais je trouve personnellement que ce lavage est normal. Toutes les femmes akans devraient l’accomplir. Car il n’y a pas d’effet nuisible sur la santé. C’est juste un rituel culturel. C’est différent de l’excision et d’autre rituel qui peuvent nuire à la santé des enfants et des mamans. C’est juste un rituel culturel. Nous devons préserver nos cultures.

Quel avantage concrets cette pratique a-t-elle sur les sociétés ?

Ce rituel permet d’éviter les grossesses précoces parc exemple. Dans les villages, une fille qui passe par le ‘‘Ba Kékan’’ est surveillée de près par les familles. Et elles est mieux préparer au mariage.

Si aujourd’hui, on voit des filles qui tombent enceinte très jeune, cela est en partie dû à l’abandon de ces rituels. Je pense que c’est parce que beaucoup de parents ont abandonné cette cérémonie les filles sont délaissés très souvent par les hommes. Si cette tradition s’appliquait normalement, toutes les jeunes filles seraient bien éduquées et seraient de très bonnes mères de famille.

Békanty N’Ko

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