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Publié le 3 octobre, 2022

La rentrée des classes a démarré officiellement le lundi 12 septembre 2022. Face à la cherté des fournitures scolaires, parents et élèves développent des tactiques pour s’offrir les fournitures à moindre coût. Nous avons rencontré quelques-uns. 

Les plus expérimentés ont opté pour l’anticipation. C’est le cas de Monsieur Blé Antoine, retraité depuis 15 ans. Ce dernier nous révèle sa stratégie pour faire face à ses dépenses de la rentrée des classes. Avec l’expérience qu’il a, il s’est fixé une ligne de conduite à chaque rentrée scolaire. « Je me rends tôt dans les établissements de mes enfants où alors, je prends le contact de leur proviseur ou principal. À la mi-août, je les appelle pour avoir une idée de la liste de fournitures de mes enfants. Après cela, je me rends très tôt dans les librairies pour acheter les fournitures’’, relate-t-il. » À un mois ou trois semaines de la rentrée, la grande majorité des commerçants (es) au détail font des soldes en vue de se débarrasser de leur stock de l’année dernière. Ce moment est très propice pour des achats de fournitures à moindre coût’’, ajoute-t-il. Une commerçante installée non loin de lui ajoute qu’ ‘’Il y a actuellement de nouveaux cahiers avec de nouvelles couvertures que je viens de prendre pour achalander mon commerce. Ces cahiers sont déjà prisés. Leur prix est donc élevé. Surtout avec la cherté de la vie qu’on connait depuis un bon moment, tout à augmenter.’’, s’est-elle justifiée.

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Des trocs pour s’en sortir

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Contrairement à M. Blé, Moussa Doumbia a son astuce pour se procurer les fournitures scolaires de ses enfants à moindre coût. Il se félicite d’entretenir des bonnes relations avec ses voisins.  » J’ai pu faire le troc avec trois de mes voisins de quartier. Mon fils fait la classe de 2nde cette année. J’ai un voisin dont la première fille sera en 1ère. Et comme son fils présentera le Bepc cette année, je lui ai donné les livres de mon fils. Lui, en retour, m’a remis les livres de 2nde de sa fille qui fera la 1ère. Pour des livres de 2nd qui devraient me coûter plus de 50.000 F Cfa, il ne m’a pris que 20.000 F CFA’’, s’est-il réjoui. 

Tout comme Doumbia, Mme Guéï Célestine procède par le troc. Cette année encore, elle s’est rendue dans les librairies par terre, à la grande gare d’Adjamé pour faire ses emplettes. 

Séri Guy et Mme Touvoly, tous deux, parents d’élèves, procèdent autrement. Selon eux, ‘’ Des ONG installent des bâches sous lesquelles elles vendent des cahiers et d’autres accessoires à des prix battant toute concurrence. C’est là-bas qu’on va s’approvisionner’’. Ils ont 3 enfants au primaire. « Avec la gratuité des fournitures scolaires pour les élèves du primaire public initié par l’Etat, à ce niveau, nous avons le sommeil tranquille. Cela fait bientôt 5 ans qu’on a jamais déboursé un centime pour l’achat de leur fourniture. Tout est fourni gracieusement par l’Etat. Notre souci, ce sont les aînés du secondaire’’, ont-ils témoigné.

Fabriquer des cahiers pour aider les parents

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Les élèves ne manquent pas de stratégies pour aider les parents dans l’achat des fournitures scolaires. Pacôme et Souleymane n’entendent plus, selon eux, subir les frustrations de l’année dernière.  » Pour faute de fournitures, nous étions constamment expulsés de la classe. Cette année, nous avons effectué des jobs de vacances. On a acheté, chacun, trois paquets de rame et une quinzaine de chemises cartonnées ‘’, ont-ils révélé. Ils vont fabriquer des cahiers avec ces paquets de rames. » Nous allons prendre deux boîtes de colle forte. Avec seulement 9000 F Cfa chacun, on aura nos cahiers pour toute l’année scolaire. Nous avons déjà échangé certains de nos livres avec des élèves qui ont obtenu le bac l’année dernière. Tout cela va amoindrir les dépenses de nos parents’’, confie Souleymane. 

C’est le même cas pour la jeune fille Sara. Orpheline de père depuis 4 ans, elle utilise la même stratégie que ces élèves. ‘’Depuis 4 ans, c’est de cette manière que nous arrivons à faire face aux dépenses liées à la rentrée. Avec deux paquets de rames, une boîte de colle forte et une douzaine de chemises cartonnées, j’ai mes cahiers pour l’année scolaire », a-t-elle dit avant de préciser : ‘’ Pour les livres, à défaut de les acheter tous, je m’arrange avec des élèves de mon quartier qui font la même classe que moi. J’emprunte leurs livres en fonction de leur emploi du temps. Tout cela évite les soucis de la rentrée des classes à ma mère qui peine à réunir les moyens pour faire face aux dépenses’’. 

Attention aux enseignants libraires

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Un phénomène est de mise lors de la rentrée des classes depuis un certain moment. Ces deux dernières années, il a pris l’ascenseur. Il s’agit des enseignants qui s’improvisent en commerçants de manuels scolaires. Sur les listes de fournitures remises aux élèves, l’on peut désormais lire aisément la note ‘’ à acheter chez le professeur’’. Dans le public comme dans le privé, c’est la nouvelle vache à lait de ces  » enseignants libraires’’ Malheur à l’enfant dont le parent aura acheté la fourniture scolaire dans un réseau autre que celui du professeur ou de l’instituteur. Il subit très souvent les humeurs de son enseignant, très souvent aux yeux et à la barbe de l’administration qui n’y trouve aucun inconvénient. 

L’année dernière, de nombreux parents d’élèves ont dénoncé ce phénomène, en vain. Malgré les mises en demeure du ministère de l’Education nationale et de l’alphabétisation, ces libraires des temps modernes, se sont adonnés, à cœur joie, à cette pratique. Avec la reprise des cours, certains établissements scolaires continuent de défier l’Etat.  Espérons que cette année, la ministre Mariatou Koné ira au-delà des communiqués et déclarations, pour taper du poing sur la table afin de mettre fin à cette pratique.  

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Djolou Chloé

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