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Publié le 30 septembre, 2023

Vivre matériellement d’aumônes, ou de l’argent ou de la nourriture donnée par charité. De manière générale, c’est ce que fait un mendiant qui est habituellement sans domicile fixe. Est-ce la réalité dans nos rues. Mendiant ou escroc ? Le dossier de voiedefemme.net

Mendier pose plusieurs questions. Car les causes de la mendicité sont variées. Pénurie d’emploi ou chômage, refus de la société, coutume ethnique, coutume religieuse, besoin d’argent supplémentaire ou momentané, contrainte (enfants loués ou abandonnés forcés de mendier pour le compte d’un adulte), surcharge de crédit, éclatement familial, alcoolisme et toxicomanie. La liste n’est pas exhaustive. La mendicité a toujours existé. La mendicité signifie, au sens strict, faire appel à la générosité des passants sans prestation. C’est la sollicitation d’un don sans retour. Au sens large, la mendicité est toute activité qui fait appel à la générosité des passants et inclut la demande d’argent. C’est justement là où les questions se posent.

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« J’habite le quartier Angré-Château. Chaque matin quand je viens prendre mon bus pour le bureau il y a toujours deux dames assises non loin de l’arrêt avec des corbeilles pour quémander. Au début cela m’a fait quelque chose et j’ai même donné des pièces de 500 Fcfa pour chacune d’elles. Mais je vous jure que cela dure maintenant depuis plus de 8 années. J’ai l’impression que quand je sors pour aller au travail, elles aussi sortent pour leur bureau. C’est incompréhensible car ce sont les mêmes femmes qui se pointent ici depuis tout ce temps », nous raconté N’Guessan, habitant du quartier Angré-château. Dans la commune de Yopougon monsieur Koné nous explique ce qui lui est arrivé le 19 août dernier. « Je prenais tranquillement le petit déjeune ce samedi lorsqu’on entend sonner à la porte. Mon épouse ouvre et se trouve face à une jeune dame qui demande de l’argent pour s’acheter à manger. Bien habillée qu’elle est, cela a surpris ma femme qui me pose le problème.

A cette heure matinale de la journée, ça fait peur ! Comment quelqu’un peut venir sur un immeuble à cette heure aussi matinale pour demande l’aumône. On n’est pas en sécurité ! », explique, inquiet, cet habitant de Yopougon. Les exemples sont légion. Nous avons assisté à une scène dans un restaurant au Plateau. Ce mardi du mois de mai, il est midi et tout le monde se dirige vers les restaurants. Un homme est accosté par une dame le suppliant de l’aider à avoir un repas. « Vous voulez juste un repas ? demande le monsieur. Après la réponse par l’affirmative de celle-ci les deux se sont retrouvés au restaurant. Un plat à emporter est commandé pour la dame et contre toute attente elle demande à la tenancière de lui donner la valeur du plat en argent. Que faire face à une telle situation ? Dans le quartier du Plateau-Dokui, il n’est pas rare de voir des femmes assises en bordure de la route menant de l’Eglise catholique Sainte Monique au rond-point de l’allocodrome. Elles envoient de très jeunes enfants quémander l’argent aux passants.

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Mendicité ou escroquerie, ce phénomène agace certaines populations. Qui est sincère et qui ne l’est pas. C’est la grande question. « J’étais à mon bureau situé vers le palais de la commune de Yopougon. Vers dix heures ce mercredi du mois de janvier on vient m’annoncer qu’il y a quelqu’un qui voudrait me rencontrer. Un homme bien habillé, apparemment responsable, me présente une ordonnance presqu’en pleurs. Il m’explique que sa femme est dans un état critique à l’hôpital et qu’il ne pouvait pas faire face à l’achat des médicaments. Sur 36 000 Fcfa je lui ai remis 20 000 Fcfa en me disant que ça n’arrive pas qu’aux autres. Et il est parti. A midi, je me rends au « terminus 40 » accompagnés de certains collègues pour le repas. Je surprends le même monsieur que je venais d’assister pour les soins de sa femme. Il est en train de danser en très bonne compagnie avec une table garnie de viande braisé et de boisson. C’est la fête pour lui et ses compagnons », nous relate monsieur Koné, que nous avons rencontré à Yopougon Kenya.

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Et pourtant la loi existe contre la mendicité. La loi n° 2019-574 du 26 Juin 2019 portant Code pénal, en son article 217. « Toute personne qui, capable d’exercer un travail rémunéré, se livre habituellement à la mendicité, en usant de menaces ou en entrant contre le gré de l’occupant soit dans une habitation, soit dans un enclos en dépendant est punie d’un emprisonnement de dix mois à deux ans. La peine est portée au double contre la personne qui provoque ou incite à la réalisation du délit. Le condamné peut être frappé pendant cinq ans d’interdiction de paraître en certains lieux ou d’interdiction du territoire de la République ou d’interdiction de paraître en certains lieux. »

En Côte d’Ivoire, la mendicité est punie par la loi. Il en est de même pour l’oisiveté. Alors qu’ils sont mal vus et malgré la menace de la loi, les mendiants ou escrocs sont encore très visibles dans les rues d’Abidjan. A qui la responsabilité ?

Sékongo Naoua

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