Publié le 2 février, 2021

A Gbomizambo, petit village du département de Tiébissou, tout le monde est tisserand. Le métier se transmet de père en fils, comme VoixVoie De Femme l’a constaté ce dimanche 24 janvier 2020.

Ramos est habile ce matin. Les pieds très agiles sur des pédales, navette à trame en main, le jeune homme, 15 ans, garde les yeux braqués sur l’ensouple où s’enroule l’étoffe, au fur et à mesure qu’elle avance… Ce dimanche 24 janvier 2021, jour où il n’y a pas école, ce collégien a rejoint le vaste atelier où se dressent plusieurs dizaines de métier à tisser à l’entrée du village de Gbomizambo, village de tisserands très réputé pour la qualité de ses pagnes.

Le collégien Ramos N’Guessan Kouassi, très habile.

Dans ce village située à 29 kilomètres de Yamoussoukro, les tisserands transmettent leurs arts à leurs progéniture, depuis la petite enfance. Histoire de pérenniser le métier.

« J’ai appris à tisser depuis l’âge de 10 ans auprès de mon père », atteste Ramos,le jeune tisserand. « Ici, poursuit l’élève en classe de troisième au Collège de Gbomizambo, nous sommes tous des tisserands ».

Comme Ramos N’Guessan Kouassi, ils sont plusieurs dizaines d’élèves à assaillir ces ateliers remplacer leurs parents, les jours chômés. « Notre village est entouré de plusieurs sites de tisserands », révèle-t-il.

Le Gbomi, comme ses habitants l’appelle communément, se trouve dans le département de Tiébissou. C’est bien le fief des derniers tisserands de Côte d’Ivoire.  Dans ce village, les tisserands sont organisés en coopérative, dénommée « Eboyekoun ».

Leurs productions sont exposées dans un apatam situé en bordure de route. « Tout le monde expose ses pagnes dans l’apatam. La surveillance se fait par relaie. On envoie un SMS à ceux qui sont chargés de prendre la garde le lendemain et ça marche bien », explique Ramos.

Selon lui, ce sont au total quatre personnes qui font la permanence. « Deux pour la sécurité et deux autres pour la vente des pagnes», explique le jeune tisserand.  A l’en croire, les choses sont très bien organisées de sorte que chacun y tire pour son compte.

En 2016, une ONG italienne, AVSI, a réhabilité l’apatam d’exposition et de vente de la coopérative. Ce projet financé par l’Union européenne, et la collaboration de la Chambre nationale des métiers de Côte d’Ivoire devrait permettre de mieux structurer cette coopérative. « Cela a permis au village de renforcer sa cohésion et de bien s’organiser ».

Avant d’exposer le produit fini dans l’apatam, les tisserands doivent coudre les étouffes sorties des métiers à coudre. « Certains de nos parents ont des machines à coudre. Ceux qui n’en n’ont pas se tournent vers ceux qui en ont et les étoffes sont reliées en pagne. Chaque pagne est cousu à 400 F CFA », fait savoir Ramos.

Si les pagnes baoulé de Gbomizambo sont bien prisés, c’est grâce à la qualité des pagnes qui en sortent. « Nous sommes les seules à tisser des pagnes qui ne se déteignent jamais », jure le jeune tisserand. Qui justifie le prix de ses produits. « Les prix des grandes étoffent varient entre 110 000 et 180 000 FCFA », explique-t-il, non sans faire remarquer que les fils utilisés sont des fils au nylon de haute qualité. « Il y en a de petite bourse. Mais tout dépend de la qualité du fils utilisé pour tisser le pagne ».

Ténin Bè Ousmane

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