Publié le 26 octobre, 2021

Démarrer une activité avec zéro franc! Zéro apport extérieur et zéro dette! C’est la formation « Entreprendre à Zéro Franc » de la FAFEDE. La Fondation Africaine pour l’Entrepreneuriat et le Développement Economique du Docteur Samuel Mathey, président fondateur de la FAFEDE, économiste, spécialisé dans le développement, l’entreprenariat et les finances.

Installée dans une quinzaine de pays africains, la FAFEDE fait la promotion d’un concept révolutionnaire et innovant auprès des jeunes et des femmes. Comment contourner les difficultés financières et se lancer dans l’entrepreneuriat? Telles sont les ambitions du Docteur Samuel Mathey et de la FAFEDE. Dans cette interview accordée à VoixVoie De Femme, il explique le concept « EZF », « Entreprendre à Zéro Franc ».

Comment expliquez-vous le concept Entreprendre à Zéro Franc ?

« Entreprendre à Zéro Franc » crée beaucoup de polémique. Bon nombre de personnes sont scotchées au concept zéro franc. Il faut comprendre par-là, entreprendre avec zéro franc extérieur et démarrer avec zéro dette.

Dans nos recherches, l’un des grands éléments qui bloquait les entrepreneurs en Afrique est l’accès au financement. Et à la fois, un niveau très élevé du chômage. Plus particulièrement chez les jeunes. Aujourd’hui l’État ne peut pas continuer de fournir de l’emploi aux jeunes. Le constat se fait lors des concours administratifs. 200 mille personnes inscrites pour 20 mille places. C’est très peu ! nous nous rendons compte que ce sont l’auto emploi et entrepreneuriat qui peuvent être une issue. Et ce sont ces deux solutions qui pourront résoudre le problème du chômage en Afrique.

L’entreprenariat, non seulement résoudra le problème d’emploi mais aussi le développement de l’Afrique. C’est par cette voie que les grands pays comme les USA ont réussi à se développer. Leur puissance est la cause des grands entrepreneurs américains.

C’est ainsi que nous avons déduit l’entreprenariat comme porte de sortie du chômage. Cependant, les jeunes sont moins motivés à l’entreprenariat. Et dans nos recherches nous avons vu trois raisons qu’ils avançaient pour ne pas entreprendre. La première raison, le financement (problème d’argent). La seconde raison, la fiscalité (les impôts). Et la troisième raison qu’ils évoquent, c’est l’accès au marché. Ils rencontrent beaucoup les difficultés pour contrat avec des sociétés partenaires.

Ainsi donc la FAFEDE a pour objectif de résoudre ces trois problèmes. Au niveau de l’accès au financement, nous avons une technique. La technique d’ « Entreprendre à Zéro Franc ». Il faut enseigner les jeunes à démarrer une activité sans financement extérieur. S’ils le font, ils deviendront plus tard la cible éligible pour les groupes, attirerons les micros finances.

Des techniques pour lutter contre la pauvreté ont été développées. Comment démarrer une affaire avec zéro dette ? ou sans financement extérieur. Ce se sont ces techniques que nous enseignons pendant nos séances de formations.

Nous avons des exemples, pendant la formation nous parlons de la ligne d’arrivée et la ligne de départ. Souvent, les jeunes désireux d’entreprendre confondent leur ligne d’arrivée à la leur ligne de départ. Vous prenez une personne comme, Kouamé Konan N’Sikan (Fondateur de la compagnie de transport UTB) un milliardaire. Sa ligne de départ était la vente de cigarettes et des colas en bordure des routes. Mais au fur et à mesure, il monte d’autres business. Aujourd’hui tous les ivoiriens savent qu’il est. Vous prenez Bill Gates l’un des hommes les plus riches du monde. Sa ligne de départ, travailler comme apprenti-mécanicien dans le garage de son père.

« Entreprendre à zéro Franc » montre aux jeunes qu’on peut commencer avec ses propres ressources. Et grandir. A la Fondation nous avons formé des jeunes qui s’en sortent aujourd’hui. Je vous donne deux exemples.

Le premier exemple, un jeune qui voulait faire des jus et avoir une ferme. Il a suivi la formation. Il s’est rendu au plateau. Il a fait la connaissance des femmes qui commercialisent du jus dans des bidons de 5 litres. Ensuite, il a appliqué ce que nous appelons la » technique de la carte d’Identité ». Il a déposé sa CNI (Carte National d’Identité) chez une dame. Il prend un bidon de 5 litres de jus. Dans le souci de payer la dame le même soir. Et reprendre sa carte d’identité. La dame accepte et donne le Bidon. Il prend le bidon qu’il reconvertit dans de petites bouteilles de demi litre. Avec la glacière de sa voisine, il faisait le tour des cités administratives. Et le soir, il rendait l’argent à la dame. Le 1er jour, il a rendu l’argent. Le 2e jour il a commencé à payer lui-même les jus. Et au bout de 6 mois, il demande aux dames de l’accompagner acheter des oranges et autres fruits. Aujourd’hui, il a sa propre plantation et son magasin de vente de jus. C’est ce que nous appelons « Entreprendre à Zéro Franc ».

Un deuxième exemple, une jeune dame est venue suivre la formation. Elle avait un business plan, les couvertures de tablettes, IPhone avec des pagnes kita. Son business plan étais évalué à 6 millions en plus d’avoir un petit magasin et vendre ses marchandises. Comment l’avons-nous aidé ? Nous avons demandé si elle avait des habits en kita. Elle répond par l’affirmatif. Elle les apportés. Nous les avons déchiré en morceaux. Nous lui avons demandé qu’elle en fasse des modèles. Avec son téléphone portable, elle prend des photos. Nous lui avons créé une page Facebook. Étant donné que nous sommes installées dans une quinzaine de pays, nous avons mis dans notre Facebook. Son 1er marché était un marché de 600 mille. Et c’est ainsi qu’elle a commencé avec ce marché. Aujourd’hui elle a deux magasins. Elle n’a emprunté de l’argent chez personne. Nous enseignons aux jeunes les petites techniques. Ils peuvent démarrer par eux-mêmes une activité.

Nous fonctionnons par programme. Il y a le programme « Entreprendre à Zéro Franc » nous faisons la formation. Nous nous focalisons sur les femmes et la jeunesse. Nous avons une caravane de 100 mille femmes actuellement, nous avons déjà formé 13 500 femmes.

Nous avons d’autres produits: le produit « Africa 5.0 » et le produit « Transformation ».

Entreprendre à Zéro Franc s’associe-t-il au concept Africa 5.0 ?

Pas directement. Le concept Africa 5.0 vient pour renforcer celui qui entreprend, en majorité les femmes et les jeunes. Ainsi que les chefs d’entreprises.

Dans quelles domaines sont-elles formés ?

La FAFEDE ne croit pas en ce qu’on appelle « domaine ». C’est à dire les domaines prédéfinis. Nous croyons en l’identification des besoins. Et c’est ce que nous enseignons durant notre formation. Pour leur dire, regardez autour de vous ! De quoi les gens ont besoins ? savoir identifier les opportunités.

Comment se passe l’accès à la formation des femmes analphabètes ?

Nous faisons trois choses. Nous avons un nombre élevé d’analphabètes malheureusement. Le gouvernement fait ses efforts, mais nous nous retrouvons dans des situations difficiles. La scolarisation de la jeune fille vient après celui du garçon. Et cela arrive quand les parents ne trouvent plus les moyens. La petite fille est réduite aux petits commerces. Donc nous demandons à la quasi-totalité de nos coaches d’être bilingue. Qu’ils parlent au moins une dialecte (langue local). Tous nos coaches quel qu’en soit le pays doivent parler au moins une langue nationale.  C’est ce qui nous permet de faire la formation à la fois en français et en langue. Nous travaillons sur un module qui sera opérationnel en 2022. Dans ce modules les cours sont traduits et mis en vidéo en ligne.

Avez-vous une tranche d’âge pour les formations ?

Généralement nous commençons autour de 18 ans. Et dans certains cas nous descendons à 15 ans. Le système de retraite ici n’est pas parfait. Ce n’est pas seulement en Côte d’ivoire, mais partout en Afrique. C’est lorsqu’on travaille pour l’État ou une société indépendante que nous avons droit à une retraite. Cependant beaucoup renonce. Normalement, nos sœurs qui sont dans les marchés n’ont pas de retraite. Alors qu’elles ont travaillés toutes leur vie. Aussi tu te retrouves avec des entreprises qui ne cotisent pas ou qui n’ont pas de contrat avec les employés. C’est-à-dire l’employé travaille mais il n’a pas de contrat. Ou certains travaillent mais le chef d’entreprise ne paie pas les cotisations CNPS.  Et donc à la fin quand il prend sa retraite, il se rend compte que son patron n’a jamais payé sa cotisation. Dans certaines communautés nous nous retrouvons avec des personnes âgées qui n’ont aucun moyen. Et qui sont obligées de continuer à travailler.

Quels sont donc les difficultés que vous rencontrez ?

La première grande difficulté, personne ne nous aide. Notre cri de cœur c’est l’appui. Le soutient de tout un chacun. Quand nous rencontrons des personnes comme vous, qui viennent nous interviewer et nous donner plus de visibilité ça nous fait plaisir. Peut-être que votre article va être lue par quelqu’un. C’est par seulement au niveau de l’Etat. Mais aussi au niveau des individus. Aux USA ils n’ont pas de problème à aider les autres mais ici c’est difficile.

D’où proviennent vos financements ?

Je suis professeur d’université dans plusieurs grandes écoles. Et je suis obligé d’aller travailler, nous avons une vente au sein de la FAFEDE. Nous avons des étudiantes qui viennent deux à trois fois par semaine. Et des dames qui donnent des cours gratuitement. Elles ne reçoivent pas un seul franc de salaire.

Quel message aimeriez-vous laissez à toutes ses personnes qui nous lisent ?

Mon appel c’est à 3 cibles. La première c’est la jeunesse, n’attendez rien de personne. Prenez votre destin en main. Osez ! n’ayez pas peur ! Nous avons tous le même cerveau. J’ai fait les USA et j’ai été 1er de ma promotion. Venant d’Afrique j’ai pu le faire. Donc ils ne sont pas plus intelligents que nous. Si moi je peux venir d’Afrique et être major de promotion, alors qu’ils étaient dans leur système c’est que vous pouvez aussi. Faut croire en soi et se consacrer à l’entreprenariat.

La deuxième cible c’est les politiques. Faites vos politiques mais donnez la chance aux jeunes. Laissez les jeunes s’exprimer. Je demande aux politiques de nommer les jeunes.  Et enfin j’appelle la population, au-delà des jeunes à nous soutenir comme ce que vous faites.

Bekanty N’KO col BEUGRE Marylise (Stagiaire)

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