Porteuse du projet de recyclage Yalessè, Amanda Adou veut résoudre les problèmes des déchets pneumatiques.

Publié le 11 juin, 2020

Les femmes sont placées aux cœurs du programme phare de développement durable à l’horizon 2030 et ses 17 Objectifs de développement durable (ODD). Pour jouer sa partition dans ce vaste projet, Amanda Adou a décidé de s’engager dans l’entrepreneuriat vert. Sa cible régler le problème des pneus usagés qui jonchent les rues ivoiriennes.

Cela fait plus d’un an que Amanda Adou Nathalie, assistante de direction, a décidé de se reconvertir dans le recyclage de pneus usagés. Elle en a été encouragée dans la nuit du 15 février 2020 par le troisième prix Africa Green Lady Day. Ce jour-là son projet de récyclage de pneus usagé ‘‘Yalessè’’ d’être reconnu projet viable. Une reconnaissance qui lui promettait 35 millions de F CFA concrétiser son idée.

« Les pneus usés jonchent nos rues, obstruent les caniveaux, les voies d’écoulement d’eau… Et ce sont des nids de moustiques, des cachettes de reptiles… C’est un véritable problème pour l’environnement. Et c’est ce qui m’a poussé à m’investir dans l’économie circulaire », nous a expliqué le 15 mai dernier, cette titulaire d’un Master en développement durable. « Pour pouvoir aboutir au développement humain, il faut commencer par entreprendre et de trouver des solutions aux problèmes sociaux de nos communautés ».

Les pneus usagés sont en effet une menace pour l’environnement en Côte d’Ivoire dans son pays. En 2018, la quantité déchets électronique et de pneus usagés générés sur le territoire ivoirien était estimée à 90 000 tonnes. Le constat est que la Côte d’Ivoire, comme la plupart des pays africains, a encore du mal à gérer ces déchets venus des pays industrialisés. Dans ces pays pourvoyeurs, notamment les pays européens, la gestion des déchets pneumatiques est bien encadrée par la loi. La France compte 54 sites de traitement de ces déchets représentant 7 millions de pneus traités.

Pour gérer ces 90 000 tonnes de déchets, le gouvernement a instauré, depuis novembre 2018, une écotaxe sur ses importations d’équipements électriques et électroniques et pneumatiques neufs ou usagés. Cette mesure, confiée à une entreprise privée, fait son chemin. Mais les casses, garages et autres rues des villes ivoiriennes et particulièrement Abidjan continuent de recevoir ces vieux pneus.

La jeune entrepreneure Adou sait qu’elle n’est pas la seule écocitoyenne à s’intéresser au recyclage de ces résidus.  Beaucoup d’artisans, installés dans les communes d’Abidjan, proposent déjà leurs œuvres faits à base de pneus. Mais, elle veut surtout organiser le secteur pour que l’impact du recyclage soit ressenti sur l’environnement. « Nous avons contacté certains de ces artisans qui sont prêts à travailler avec nous », fait-elle savoir. « Un enseignant chercheur a décidé de nous accompagner. En plus artisans nous allons associer des universitaires. Toute la chaine des artistes y contribuera. J’ai un designer, un sculpteur, un plasticien pour les tableaux avec les pneus. Je compte une dizaine d’artistes et d’artisans », explique-t-elle.

Place aux femmes

Dans cet ambitieux projet, l’entrepreneure veut donner une place de choix aux femmes. « Depuis toujours, les femmes sont au cœur de la protection de l’environnement. Ce sont elles qui nettoient les rues de tous nos villes », fait remarquer Nathalie Adou. D’ailleurs elle veut leur proposer la collecte des pneus dans toutes les contrées du pays. « On aura besoin de personnes pour faire l’entretien, à savoir laver et stocker, et d’autre pour convoyer dans les différents ateliers. C’est tout une chaine de valeur, depuis la collecte jusqu’à la vente », explique-t-elle.

Yalessè va produire du mobilier domestique et de bureautique, des assessoises, des chaussures, des sacs à main, des boucles d’oreilles. Mais la valeur ajoutée de Yalèssè ce sera la fabrication de mobiliers urbains. Ces installations permettront de protéger les poteaux électriques, les feux tricolores. Tout cela sera conduit en collaboration avec les mairies. 

Quels moyens ?

Le soutien financier annoncé à la première édition de Africa Green Lady lui a ouvert des portes. Le promoteur du prix, Moni N’Guessan, assure qu’elle sera bien soutenue financièrement et suivie. « Nos lauréats auront les moyens d’engager leur projet. Et nous allons les suivre », assure M. Noni. La directrice générale de l’Agence nationale de gestion des déchets (Anaged) s’est également déclarée favorable pour son soutien. « C’est très intéressant de voir des femmes s’intéresser et s’approprier cette thématique de la protection de l’environnement (…) Nous allons les accompagner dans la mesure de nos capacités. En tant qu’organe opérationnel du ministère, on va les aider aussi pour les thématiques qui traitent des eaux usées ainsi que celles qui traitent de la salubrité », avait indiqué Saran Ouattara.

Amanda Nathalie Adou ne veut pas seulement compter sur ces aides extérieurs. « Ce projet est d’abord personnel. Je me bats d’abord moi-même pour réaliser mon rêve. Je compte d’abord sur moi-même », déclare celle qui se dit obstiné à transformer en opportunité, la problématique des déchets pneumatiques.

Ténin Bè Ousmane

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