Publié le 1 juin, 2020

Après une carrière de fonctionnaire bien remplie en France, Atta Thérèse est revenue s’installer dans son pays. Mais l’ancienne secrétaire de direction du ministère de l’Education nationale s’est reconvertie dans l’artisanat et elle fait des merveilles.

Dans la salle d’exposition de l’entreprise Kosen, les produits d’Atta Thérèse frappent par leur singularité. Porte Iso, meubles télé mural en hévéa, meubles de salon, dressing, porte iso, patine… « C’est un travail de création. Nous pouvons nous inspirer des anciens modèles, mais je fais tout pour ajouter ma note », explique l’artisane, la soixantaine, qui a accepté d’accueillir l’équipe de VoieVoix De Femme le mardi 19 mai 2020, dans son entreprise sise au village artisanale de Grand-Bassam.

Une visite de terrain nous fait découvrir les compartiments de l’entreprise Kosen, fondée depuis quelques années. Un atelier, un magasin, la salle d’exposition qui jouxte l’ancienne route de Bassam. Elle travaille avec un artisan, un sculpteur, un menuisier, des ouvriers.

La matière première de Kosen, c’est le bois. Mais Atta Thérèse s’intéresse un bois particulier : l’hévéa. « C’est vrai que le bois d’hévéa est difficile à travailler. Mais une fois que vous avez extrait tout ce qui est élastique ça devient un bois plus beau », révèle la créatrice.

Après avoir passé toute sa carrière professionnelle d’Assistante de direction au ministère français de l’Education nationale, elle a décider de retourner dans son pays, pour passer ses vieux jours. Un retour effectif depuis 2012. « J’étais fonctionnaire. Je n’ai jamais fait de formation de menuiserie. J’ai travaillé dans tous les secteurs de l’Education n nationale en France, depuis les écoles aux universités en passant par les collèges et lycées ».

Revenue avec son mari français, depuis 2012, elle devait assurer la gestion du projet d’entreprise. Mais un profond différend au sein du couple a conduit Atta Thérèse à prendre ses ‘’responsabilités’’ et a faire son chemin.   « Je me suis levée et je me suis mise dans la peau d’une menuisière. Avec le peu que j’ai appris, la reconversion est partie de là, il y a trois ans », se réjouit l’ancienne secrétaire de direction.

En plus de son travail d’artisane, Atta Thérèse s’est spécialisée dans l’aménagement et la décoration intérieur. Et c’est surtout pour la cuisine. « Pour la décoration, il faut dire que j’avais déjà quelques notions en la matière. En France j’ai toujours été présidente d’association. En tant que telle, j’avais l’habitude de faire des décorations dans des cérémonies ».

Pourvoyeuse de meubles, la Directrice générale de Kosen accompagne, très souvent dans la décoration à l’européenne, de leurs diverses chambres. Et Atta Thérèse produit, très souvent, par commande. Et ses clients lui viennent de partout. « En Côte d’Ivoire, ma clientèle, c’est la classe moyenne, ceux qui ont un peu de moyen donc qui sont salariés ». Mais ses plus gros clients viennent d’Europe. « Ceux-là me font confiance et de là-bas, il m’envoie l’argent pour faire tel ou tel meuble », explique-elle.

Mais derrière la bonne humeur de Dame Atta, se trouve les déboires de l’entrepreneure obligée de se battre seule. « C’est un terrain plus que difficile. Beaucoup sont repartis. Les gens sont venus dans l’idée, quand le Président nous avait demandé de rentrer et qu’il allait nous aider. Mais surplace aucune banque n’a accepté de nous aider. Beaucoup d’entre nous n’étaient pas préparés à ça, ils sont retournés en Europe », se désole-telle. Puis d’ajouter : « Moi je suis restée parce qu’il y a une détermination en moi qui fait que je tiens. Sinon ce n’est pas facile ». Elle déplore en effet, la réticence des banques à soutenir les entrepreneurs. « En Europe quand vous voulez faire une affaire, on fait d’abord une étude de marché. Dès l’instant où le projet est viable, on vous accompagne. Mais ici, quelle que soit la viabilité de votre projet, les banques vous demande de travailler pendant cinq ans. Mais si pendant cinq ans, j’ai pu me débrouiller seule, qu’est-ce j’attendrai encore de vous ? ». La Directrice de Kosen regrette le sens unilatéral de la collaboration proposée par les banques. « Ce n’est pas pour vous vous soutenir, mais, c’est plutôt pour que vous veniez mettre votre argent chez eux », déplore l’artisane.

Femme déterminée

Mais Atta Thérèse n’entend pas pour autant céder au découragement. D’ailleurs elle se dit déterminée à poursuivre sa route, en proposant des produits originaux. « La détermination d’un homme, c’est plus que Dieu », se dit-elle convaincue. D’où son appel à la jeune génération, notamment les jeunes filles. « Je dis à mes jeunes enfants ces quelques mots : croyez en vous. Parce que si vous croyez en vous rien ne peut vous dépasser. Si vous êtes déterminée, c’est vrai que vous n’allez pas réussir du coup. Mais à force de tomber, de vous relever, vous finirez par marché et d’aller plus loin. Mais si vous doutez, vous ne pouvez rien faire, même si vous avez des millions », conseille l’ancienne fonctionnaire de France à ses compatriotes ivoiriens.

Ténin Bè Ousmane

Ajoutez votre commentaire