Publié le 21 juin, 2021

La tontine est une activité financière en forte expansion en Afrique et particulièrement en Côte d’Ivoire. Cette pratique est de plus en plus prisée chez les femmes. Et elle fait des heureux selon plusieurs témoignages recueillis par VoixVoie De Femme.

A Adjamé, le long du boulevard Nangui-Abrogoua, Bamba Mariam tient l’un des plus grands magasins de pagne. Elle y vent de tout type. Il y a pourtant deux ans, cette mère de 4 enfants, alors vendeuse ambulante, était loin de s’imaginer à un tel stade dans son commerce. « C’est grâce à notre tontine que j’ai pu augmenter mon commerce », témoigne-t-elle à Voix Voie de Femme.  Et elles sont nombreuses, comme Bamba Mariam, qui, grâce à cette pratique arrive à financer leurs activités commerciales.

A cause du faible accès des populations au système bancaire, les circuits tontiniers jouent un rôle majeur dans le financement activités génératrices de revenus dans les villes ivoiriennes.

Ils existent plusieurs types de tontines. La tontine mutuelle. C’est cette forme qui est beaucoup pratiquées sur les marchés. Elle s’organise autour de personnes qui se connaissent bien. Les participants disposent à tour de rôle des fonds disponibles au sein de l’association. L’ordre de réception est connu à l’avance mais peut varier selon les besoins. Ici, on a accès à l’argent sans intérêt. Cela permet à chaque membre de bénéficier d’un crédit gratuit contre le paiement d’une annuité dont la périodicité est déterminée à l’avance. Les membres de la tontine sont créanciers ou débiteurs chacun à leur tour, mais prêts et dettes s’annulent à la fin du cycle. « Ce système permet au premier servi de toucher un prêt sans intérêt alors que le dernier constitue un capital tout le long de la période sans percevoir d’intérêt. Le dernier bénéficiaire peut être particulièrement défavorisé en cas de forte inflation. Mais, mis à part le dernier membre, les autres participants disposeront des fonds plus rapidement que s’ils avaient épargné chacun de leur côté », explique Coulibaly Mamadou, président de la Fédération nationale des victimes de la crise postélectorale de 2010 en Côte d’Ivoire (FENAVIPELCI). Selon le président de cette structure qui engage ses membres dans la création de richesse, la tontine est une réponse à la défaillance du système bancaire qui ne fait aucune confiance aux citoyens. « Lorsque tout le monde aura finalement bénéficié du fonds, un nouveau cycle peut recommencer. Et ainsi de suite, la solidarité est effective », explique-t-il. Cette pratique de la tontine est plus mutualiste et son succès est basé sur la bonne foi et l’honnêteté des adhérents. « Il suffit qu’un seul membre ayant reçu son tour de prise, refuse d’honorer ses engagements pour que la tontine vire à la crise.

Le président de la FENAVIPELCI évoque aussi la tontine commerciale. « Pour placer leur argent en lieu sûr, les membres de la tontine rémunèrent un banquier ambulant par un taux de garde. A l’échéance, chaque participant reçoit la somme correspondant à l’ensemble de ses dépôts, diminuée du droit de garde ». A cela il ajoute la tontine financière qui s’apparente à un microcrédit. « Ce type de tontine donne la possibilité à chaque adhérent d’emprunter la somme collectée. Cela, selon un système d’enchères. Ici, à chaque tour, la somme capitalisée est ‘’vendue’’ au plus offrant et des intérêts sont perçus sur chaque somme prêtée. Ces intérêts constituent le bénéfice financier de la tontine. Le bénéfice financier est ensuite reversé à la fin du cycle au prorata de la participation de chaque adhérent », explique M. Coulibaly. En Côte d’Ivoire ces deux types sont peu pratiquée. Dans les marchés, les associations ou les milieux professionnels, la tontine qui fonctionne comme une mutuelle est la plus prisée.  Et cette pratique, quand elle fonctionne normalement constitue une source de financement plus sûr dans un environnement où les circuits bancaires ne sont pas accessibles. « Sans les tontines beaucoup de femmes qui prospèrent aujourd’hui dans le commerce n’auraient jamais atteint ce niveau », souligne Mariam Bamba, la commerçante de pagne sur le boulevard Nangui-Abrogoua.

Mamadou Sanogo (stagiaire)

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