Publié le 24 mai, 2021

La promotrice de la production télé « Brave Paysan » et PDG de l’Agence de valorisation de l’agriculture (AVA) est bien connue pour ses initiatives en faveur des organisations de production agricoles (OPA) en Côte d’Ivoire. Jennifer Céres, qui, depuis bientôt 10 ans organise les Journées Nationales de Valorisation de l’Agriculture (JNVA), évoque ses ambitions dans cette interview accordée à VoixVoie De Femme, ce jeudi 20 mai 2021.

Le 20 avril dernier, lors d’une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, vous avez évoqué un projet pour aider les femmes à s’autonomiser. De quoi s’agit-il concrètement ?

La femme occupe une place prépondérante dans nos prises de décisions. Et beaucoup d’actions initiées par l’Agence de valorisation de l’agriculture (AVA) sont plus orientés vers l’autonomisation de la femme. Ce projet dont vous faite allusion m’a été présenté par le ministère des Ressources animales et halieutiques (MIRAH). Il s’agit de mettre à la disposition des femmes dont l’âge est compris entre 18- 50 ans un kit dont l’activité principale consiste dans le braisage de poulets. Avec une machine innovante qui peut braiser 12 poulets à la fois. A cet effet j’invite les femmes à rentrer en contact avec nous pour les informations à ce sujet.

Vous parler d’installation de ces femmes dans la commercialisation des produits agricoles. Quelles sont les critères pour être éligible ?

Ce n’est pas AVA qui fait l’installation des femmes, on aurait bien voulu le faire malheureusement nous n’avons pas assez de moyens. Ce que nous faisons plutôt, c’est l’accompagnement et faciliter la vente des produits agricoles transformés sur certains marchés identifiés. Ce que nous leur demandons, c’est de soigner les emballages et labéliser leurs produits.

Vous organisez régulièrement, depuis 9 ans, des Journées de valorisation de l’agriculture. L’année dernière vous étiez à la 9e édition, à Aboisso. Pouvez-vous nous faire un bref bilan de cette édition ?

Comme toutes les éditions antérieures, les JNVA à Aboisso ont été d’une totale réussite. Le thème de cette édition était : « La COVID-19 et son Impact sur l’Agriculture, L’Elevage, et l’Agritourisme en Côte d’Ivoire ». Nous avons eu la présence effective de l’actuel président du Conseil économique social environnemental et culturel, Dr. Aka Aouélé, de l’actuel ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture et du développement rural M. Kobenan Kouassi Adjoumani et l’actuelle ministre de la Solidarité et de la lutte contre la Pauvreté, Myss Belmonde Dogo.

Les organisations professionnelles agricoles de la région et d’autres régions du pays étaient massivement représentées ainsi que les institutions internationales et des structures techniques agricoles. Aussi les acteurs du secteur agricole ont eu le temps d’échanger leurs expériences respectives tout en faisant connaissance des innovations du domaine. Ce, à travers des rencontres B2B et des expositions. Après les efforts, le ‘’Village des JNVA’’ installé à l’espace Etché Elleingand, a accueilli les participants pour la phase festive de l’évènement. Le fait marquant, c’est la distinction du Dr Aka Aouélé comme le meilleur artisan de la lutte contre la Covid_19.

Pensez-vous que ces éditions ont un impact sur l’autonomisation du monde paysan et particulièrement des femmes ?

Effectivement, c’est d’ailleurs ce qui nous motive à continuer

Quels sont concrètement les acquis de votre action en faveur du monde agricole ?

Les acquis sont à plusieurs niveaux. Les JNVA ont permis l’octroi de bourses à plusieurs agriculteurs qui ont notamment pu se rendre au Maroc, en Chine, à Taiwan, en Israël… Cela pour perfectionner leur connaissance de la production agricole, afin de contribuer plus positivement à la compétitivité agricole de la Cote d’Ivoire.

 Grâce aux JNVA, depuis 2009, une centaine de petites industries de transformation ont été créées et emploient plus de 1000 jeunes ivoiriens, de manière directe, pendant qu’elles offrent également une source de revenu, de manière indirecte a plusieurs centaines d’individus. 

 Les JNVA ont gracieusement offert le financement, mis en place la logistique, et réuni les experts nécessaires pour assister les paysans désireux de se regrouper en sociétés coopératives. A la suite de ces actions, les JNVA ont contribué à la création légale et mise en opération de plus de 500 sociétés coopératives qui contribuent plus efficacement au développement économique de la nation.

 Depuis leur lancement en 2009, les JNVA demeurent le cadre par excellence de rencontre dans le secteur agricole.

En Côte d’Ivoire, les paysans continuent de ne pas bénéficier des fruits de leurs efforts. Pensez-vous que cela pourra changer un jour ?

Oui c’est impérieux que ça change un jour. Ce qui nous rassure, c’est que l’actuel ministre d’Etat ministre de l’Agriculture et du développement rural, le ministre Adjoumani l’ait inscrit dans ces missions afin que nous ayons plus de machines de transformations agricoles pour éviter les pertes agricoles

Quelles solutions pourraient, selon vous, bien valoriser le monde paysan ?

Il faut aider notre agriculture à devenir leader mondial dans toutes nos productions agricoles. C’est également de susciter  un développement effectif en Côte d’Ivoire d’une industrie mondialement compétitive de transformation agricole ; encourager les jeunes Ivoiriens de tous bords à embrasser le travail agricole ; améliorer le statut de nos braves paysans et braves paysannes considérablement de telle sorte qu’ils puissent vivre décemment du fruit de leur travail, comme c’est le cas pour les paysans dans les pays développés ; appliquer une politique de développement socio-économique axée sur l’essor d’un secteur agricole durable.

Que réservez-vous aux Ivoiriens pour la 10e édition des Journées nationales de la valorisation de l’Agriculture ?

10 ans dans une organisation de cette envergure, c’est la maturité, mon équipe et moi allons rehausser encore le niveau. Nous aurons beaucoup d’expositions des produits des pays de l’extérieur. Des défilés colorés, des panels et autres. En bref, nous allons réfléchir à fond avec les décideurs sur le thème central des pertes agricoles.

Pouvez-vous nous raconter ce qui fonde votre attachement à l’agriculture ?

En une seule phrase, je dirais, « c’est de les voir heureux » en bénéficiant du fruit de leur labeur.

Silué Fatogoma

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