Après l'incendie du grand marché, les femmes se débrouillent pour faire leurs commerces.

Publié le 17 août, 2020

Cinq mois après l’incendie du grand marché de Lakota, de nombreuses commerçantes se ‘‘débrouillent’’ où elles peuvent pour poursuivre leurs petits commerces. En attendant la réhabilitation en cours.

A Lakota, les étals de produits divers et autres restaurants de fortune disputent les trottoirs avec les usagers de la route. Ces petits commerces aux abords des routes sont tenus, pour la plupart, par des femmes. Depuis l’incendie du marché de cette ville de plus de 50 000 habitants, le 4 avril 2020, ces commerçantes n’ont pas encore pu se caser convenablement. Aussi, continuent-elles de squatter les rues pour proposer leurs marchandises à la clientèle. Une situation qui gêne énormément la circulation routière, obligeant les conducteurs à redoubler de vigilance lorsqu’ils circulent, surtout, dans les rayons du marché brûlé.  En attendant d’être relogée par la marie, celles qui n’ont pas encore trouver d’espace continuent de vendre sur les ruines de l’édifice…

Cet incendie du grand marché a occasionné d’importantes pertes chez les opérateurs économiques, selon le président des commerçants de Lakota. « Je ne saurai vous dire combien de francs nous avons perdu dans l’incendie. Mais sachez qu’au nombre des sinistrés nous avons enregistré 308 personnes », indique Adama Touré. Qui révèlent que ce marché est dominé par les femmes.  

A la mairie, où un mémoire a pu être rédigé, l’on estime à 800 millions de F CFA, les pertes en espèces et en marchandises chez les commerçants. La municipalité elle-même enregistre un manque à gagner de 400 millions de F CFA en termes de patrimoine immobilier et de recettes fiscales.

Devant une telle situation, des âmes charitables ont fait parler leurs cœurs pour soulager les victimes. Notamment les cadres de la région du Loh-Djiboua. Le maire, Samy Merhy et le député Abdoulaye Kouyaté, pour ne citer que ceux-là, ont chacun ‘‘essuyé les larmes’’ des sinistrés. A l’époque, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, avait apporté un soutien financier très important. Sur un total de 18 millions qu’avaient reçu les sinistrés, le chef du gouvernement avait contribué à hauteur de 12,5 millions. Et c’était le ministre du Commerce, Diarrassouba Souleymane qui s’était chargé de remettre le don aux sinistrés.

Bien que réconfortés par l’élan de solidarité les commerçants plaident pour leur réinstallation. « L’objectif pour nous, c’est que le marché soit reconstruit », avait plaidé Adama Touré. Non sans saluer l’initiative prise par le maire de le faire le plus tôt possible. Depuis, les travaux de réhabilitation sont en cours.

Mais en attendant, les commerçants se débrouillent comme ils peuvent pour ne pas rester oisifs. « Certains d’entre eux sont restés sur l’ancien site. Par contre il y a des privés qui ont pu octroyer des places à d’autres », fait savoir Adama Touré. Il faut avoir les moyens pour en bénéficier.

Le marché en cours de réhabilitation.

Le 7 août 2020, à l’occasion de la célébration des 60 ans de l’indépendance du pays, le préfet du département de Lakota a témoigné sa solidarité aux victimes de cette cet incendie. Carmelle Amah Chia s’est singulièrement adressé à la gent féminine qui constitue le plus gros contingent frappé par ce sinistre. « Je réitère ma compassion à nos vaillants opérateurs économiques victimes de l’incendie du grand marché de Lakota, survenu le 4 Avril dernier », a compati l’autorité administrative au malheur de ces hommes et femmes qui continuent de souffrir pour trouver une place convenable. « J’ose espérer que les démarches engagées auprès des autorités compétentes connaîtront un aboutissement heureux pour la reconstruction du marché. A l’effet de la reprise des activités de nos populations », a souhaité madame le préfet.

Mme le préfet Carmelle Amah Chia, solidaire des sinistrés.

Le maire, vers qui tous les regards sont tournés, se veut confiant. D’ailleurs, Samy Merhy a annoncé de bonnes nouvelles. « Nous allons poser la première pierre pour lancer le démarrage des travaux du marché central qui fait la fierté de notre département », a soutenu l’édile. A l’en croire, le retard accusé pour donner le premier coup de pioche est d’ordre technique. « Ça prend un peu le temps parce qu’il faut valider les schémas. Ce marché a été construit dans les années 1950 à 1960. Aujourd’hui, nous sommes en 2020, c’est à dire à l’heure de l’émergence. Il faut donc actualiser les plans et les croquis en accord avec les architectes avant de lancer les travaux », a justifié le premier magistrat de la commune. « Nous ne pouvons pas vous donner de délai, mais nous espérons finir les travaux avant la fin de l’année 2020 », rassure-t-on à la mairie. Dans les coulisses, la fin du mois d’août est avancée pour l’inauguration de trois marchés pour recevoir les sinistrés. A savoir les marchés de la cité Koné, de l’USAID et enfin le marché du village de Dahiri. Toutes ces femmes y seront recasées provisoirement, attendant la finition du marché central.

Le maire de Lakota, Samy Merhy, rassure les commerçants.

Les commerçants, notamment les femmes qui se débrouillent où elles peuvent pour vendre, attendent ce grand jour. « Nous n’avons plus d’endroit où nous pouvons vendre. On se débrouille comme on peut », se plaint, impatiente, Diabaté Affou, restauratrice au rond-point de la ville. 

Alain Doua

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