Publié le 31 août, 2022

Elle, c’est Diabaté Fatoumata, veuve et mère de 5 enfants. Vendeuse de médicaments traditionnels devant le complexe sportif d’Adjamé. Ayant acquis une bonne connaissance des plantes auprès de ces deux géniteurs, elle en a fait son métier.

Comment avez-vous embrassé cette activité ?

C’est étant petite que j’ai commencé cette activité. Vu qu’à l’âge de 15 ans, je vendais déjà les médicaments avec ma mère. Et c’est depuis lors que je me suis intéressée à ce métier.

Qu’est-ce qu’il y a de passionnant dans ce métier

Pour moi, il n’y a rien de plus beau que d’aider son prochain à retrouver le sourire. Je suis très heureuse, quand les personnes à qui je vends les médicaments, se retournent pour me remercier. Pour moi, La vente de médicament ne consiste pas à se faire uniquement de l’argent, mais de rendre aussi service à sa communauté. Depuis que j’ai décidé de me consacrer à cette activité, je suis de plus en plus épanouie.

Est-ce une activité prometteuse ?

Oui, à cause de cette activité, j’arrive à subvenir à mes besoins et à ceux de ma famille. J’ai à ma charge plus de 10 personnes. Grâce à cette activité, j’arrive à les prendre tous en charge. Le coût de mes médicaments est compris entre 50 F CFA et 500 F CFA.

D’où viennent vos médicaments ?

Mes médicaments viennent de Tafiré, Korhogo, Katiola, Ferké. C’est là-bas que je vais m’approvisionner.

Avez-vous la maîtrise parfaite de toutes les plantes que vous vendez ?

Oui, j’ai une connaissance de tous les médicaments que je vends. Et c’est ce qui fait ma force d’ailleurs. Les vendeurs de médicaments sont nombreux, mais peu sont ceux qui gardent leurs clients comme moi. J’ai appris l’utilité des plantes et leurs bienfaits auprès de mes deux parents, qui étaient tous vendeurs de médicaments. Je suis née d’une famille qui a une bonne connaissance de certaines plantes.

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Est-ce un secret familial ?

Non, car nous ne faisons pas d’incantations sur nos médicaments avant de les donner aux personnes.  Et oui, parce que notre secret, c’est la maitrise du bois. C’est l’héritage que nous avons bénéficié de nos parents. Pour le reste, je m’en passe parce que c’est un secret professionnel.

Est-ce un métier accessible à tous ?

Oui, tout le monde peut vendre des médicaments pour avoir de quoi se nourrir. Mais, ce n’est pas suffisant, il faut le minimum de connaissance des médicaments.

Comment s’est déroulé votre apprentissage

Dès mon enfance, mes parents me disaient déjà, pour telle ou telle maladie, voici la plante qu’on utilise et comment on l’utilise. Et petit-à-petit, j’ai pu maitriser tout ce qu’ils m’ont enseigné comme médicaments. Et je le fais, de même pour mes enfants. 

Parlez-nous de votre clientèle

Je reçois plus de femmes que d’hommes. Les femmes viennent toujours pour les problèmes de ventre et aussi avec leurs enfants. Quant aux hommes, ils viennent simplement prendre des médicaments pour eux-mêmes. Par journée, je peux recevoir plus de 20 clients.

Vos médicaments ont-ils des doses ?

Oui, tous les médicaments que je vends ont des instructions à suivre forcément. Pour les enfants, je conseille les cuillères à café et les verts de thé pour les adultes. Chaque personne à sa dose, et c’est en fonction de son état. Surtout, les femmes enceintes ne suivent pas les mêmes traitements que les autres. Elles sont fragiles, donc il faut faire attention.

Parlez-nous des maladies que vous traitez

J’interviens dans plusieurs maladies lorsque je sais de quoi souffre mon client. Je reçois plus les hommes pour le traitement du « coco », la plaie interne, les infections urinaires. Et les femmes pour le « bobodouman », les complications de grossesse, les problèmes d’enfantement….

Est-ce qu’il vous arrive parfois de conseiller l’hôpital à vos clients

Oui, et c’est très important quand vous ne savez pas de quoi souffrent ces personnes. Nous leur disons d’aller à l’hôpital pour connaitre de quoi elle souffre. Par exemple, il y a des femmes qui viennent nous dire qu’elles sentent une boule se promenant dans leur ventre. Automatiquement, nous conseillons d’aller se faire consulter avant de lui donner, si possible, quelque chose. Au cas contraire, nous ne lui donnons rien comme médicament.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans ce métier

Le problème de cette activité, c’est la conservation. Il arrive parfois que nous jetons les feuilles parce qu’elles sont pourries. Si les feuilles sont mal stockées, en moins de deux semaines, elles pourrissent. Et cela engendre une perte parce que vous ne pouvez plus les vendre.

Des conseils aux personnes qui veulent se lancer dans ce commerce

Tout simplement, c’est d’apprendre les plantes et leurs bienfaits auprès des personnes idéales. Car la vente des médicaments est un domaine très délicat, et si vous faites mal, vous pouvez vous retrouver en prison. Pour faire plus longtemps ce métier, il ne faut pas vendre tout pour avoir de l’argent, mais plutôt vendre ce que vous connaissez bien.

Vos ambitions… 

Mon objectif, c’est d’avoir une machine qui me permettra de transformer mes médicaments en poudre afin de faciliter l’utilisation à mes clients. Je pile à la main, tous les médicaments en poudre que vous voyez. Chose qui n’est pas facile, alors qu’il y a des machines pour cela.

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Yahafe A. Ouattara (stagiaire)

1 Commentaire

  • par Ouattara Gnelezie
    Publié juillet 4, 2022 5:32 pm 0Likes

    C’est impressionnant

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