Les femmes de la Coopératives Amanmouo du Moronou ont initié le Festival Kregbé Banan.

Publié le 5 octobre, 2020

A la fois au four et au moulin depuis l’année 2017, les femmes de la Coopérative Amanmouo du Moronou (CAM) consacrent la majeure partie de leur temps à la production, à la transformation et à la commercialisation du plantain. Elles ont depuis lors plus de 27 recettes traditionnelles et modernes à base de la farine de banane à leur actif.

Couscous, Semoule de banane, foufou, gâteaux, biscuits, croquettes, granulés, mets traditionnels … sont autant de produits à base de la banane que réalise la quarantaine de membres actifs de la CAM,  légalement constituée depuis 2017. Ces femmes ne disposent d’aucune usine de transformation pour l’instant. Toutes ces transformations, elles le font de manière artisanale. Lorsqu’elles ont souhaité utiliser la farine de banane pour en faire de la pâtisserie, l’idée était peu encouragée. Elles ont tout de même essayé.

« Des personnes  racontaient que l’absence de glutamine dans le plantain était peu favorable à la  pâtisserie. Je ne voyais pas l’exception de la farine de banane.  Pour moi, toutes les farines peuvent être utilisées au même titre que la farine de blé. Certes les premiers résultats n’ont pas été fameux, mais à force de rechercher j’ai trouvé la meilleure manière d’adapter cette farine aux résultats escomptés », raconte la pâtissière et secrétaire de la coopérative N’Guessan Ahou Nelly épouse Diplo. 

L’idée de transformer la banane plantain, vient du fait qu’il y a « de gâchis pendant les récoltes au point où certaines productions restent en brousse ». « Parfois, la marchandise perd sa valeur avant d’arriver sur le marché et il n’y a plus d’engouements. Nous avons commencé à transformer 3 sacs de 50 Kg. Maintenant, on va jusqu’à 10 sacs de 50 kg de banane Plantain par mois», révèle Léontine Miezan, présidente de la coopérative.

Une fois transformées, ces marchandises sont vendues de bouches à oreilles, ou via la boutique paysanne, et la chambre d’agriculture. Les responsables de ‘’Amanmouo du Moronou’’qui avaient tenté d’effectuer des démarches auprès des grandes surfaces pour plus de promotion ont dû tout arrêter, étant dans l’incapacité d’honorer les fortes commandes. « Les difficultés sont d’ordres financières et matériels. On n’a pas de matériels.  Pour transformer la banane en farine, il faut se bousculer. Depuis le début jusqu’à l’obtention de la farine, c’est des acrobaties, il faut faire demander de l’aide pour soulever les marchandises. C’est des moyens aussi que cela demande. On ne peut faire beaucoup de productions avec nos propres fonds », déplore la comptable Léontine Miezan.

Ces travaux remarquables et innovants ont permis à ces femmes  d’exposer leur produits au Salon International de l’Agriculture et des Ressources Animales d’Abidjan (SARA) sous le couvert du ministère de l’Agriculture. Depuis lors, elles ont décidé de chercher des financements.  

D’où l’idée du Festival Krégbé Banan, en vue de rechercher d’éventuels partenariats. « J’ai décidé d’intituler ce projet Kregbé Banan parce la banane de notre terre est particulière de par sa texture, son goût… », explique la vice-présidente Thérèse Miezan, également comptable de formation.  

Au départ, l’organisation comprenait 300 membres qui se sont acquittées du droit d’adhésion fixé à 6000 FCFA, dont 5000 FCFA de part sociale et 1000 CFA. Ce qui a servi de fonds de démarrage d’activité.

« Nous sommes en laboratoire donc on ne peut pas parler de revenus. La part sociale faisant 5000F quand on va évoluer et qu’on aura des dividendes, on pourra parler de revenus des membres. Les fonds sont propres nous n’avons pas encore obtenus de crédits ni de subventions. C’est maintenant que le gouvernement s’intéresse à nous. Il compte nous donner une unité de transformation », se réjoui la présidente de la CAM.  

Et d’ajouter : « Chaque membre à sa parcelle. Nous achetons pour le moment les marchandises avec  les membres. Il y a une partie fraiche qui est vendue et une autre transformée ».

Si ces femmes sont retournées à la terre malgré leur niveau d’étude, c’est bien « pour mieux orienter nos parents en les organisant en coopérative et en essayant de valoriser les produits vivriers », fait- savoir la vice-présidente.

Marina Kouakou

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