Publié le 2 septembre, 2022

‘’Drummologie, la connaissance aux sons du tambour et du balafon’’ est un essai de N’guessan Kouamé, sociologue, anthropologue, conseiller technique au ministère de l’Education nationale et de l’alphabétisation. Cet ouvrage de 151 pages, paru aux éditions Jets d’encre (France), est un éclairage sur le combat du père- fondateur de la drummologie Georges Niangoran–Bouah. Voiedefemme.net l’a rencontré…

Comment est née la science de la Drummologie ?

La naissance de la Drummologie a été annoncée en janvier 1980, lors d’une émission ‘’Sanctuaire’’ de la télévision ivoirienne par Georges Niangoran Bouah. L’après-midi sera marqué ce jour-là par une véritable ébullition dans le monde universitaire ivoirien rangé en deux camps : adversaires et défenseurs de la Drummologie. Pour le défenseur, Niangoran Bouah trouve que la Drummologie est un ‘’merveilleux outil de recherche’’ ou ‘’une grande découverte.’’

Il est né le 29 décembre 1935 en Côte d’Ivoire. Attaché de recherche au C.N.R.S. de Paris de 1956 à 1961, il est surtout connu pour ses recherches sur la drummologie. C’est l’un de ses plus illustres chercheurs en sciences sociales que la Côte d’Ivoire a vu s’éteindre le 26 mars 2002 à Abidjan.

Quel est l’état des lieux de la Drummologie aujourd’hui en Côte d’Ivoire ?

Les plus grands pourfendeurs du professeur Georges Niangoran-Bouah ont été les universitaires ivoiriens. Vous avez dans l’ouvrage des exemples de propos extrêmement durs tenus contre le fondateur de la drummologie et sa science dont les fondements théoriques et méthodologiques étaient remis en question. Tout en soutenant le fondateur de la drummologie, devant cette volonté manifeste d’étouffer la naissance de la nouvelle science, le professeur Assa Koby n’a pas hésité à écrire : « Nul doute que l’accouchement de Niangoran sera un accouchement douloureux. La querelle autour du tam-tam en est déjà une manifestation ». Mais, aujourd’hui, nous sommes bien loin de cette époque. La drummologie a réussi à s’affirmer comme une science. Nous devons rendre un hommage aux autorités des universités Félix Houphouët-Boigny de Cocody, Alassane Ouattara de Bouaké et Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo, de l’Institut National des arts et de l’action culturelle (Insaac), ces temples du savoir où la drummologie est enseignée en tant que discipline. Un hommage doit être également rendu à tous ces chercheurs nationaux et non-nationaux qui ont contribué à la construction scientifique de la drummologie.

Quelle conciliation peut-on faire de la drummologie dans cette société moderne ?

La drummologie, à travers le tambour, le balafon et d’autres instruments de musique, permet d’avoir accès à plusieurs domaines de connaissance de nos sociétés. Elle permet de retourner aux sources puisque des informations contenues dans ces instruments remontent à l’époque précoloniale et nous permettent de renouer avec notre passé lointain. La drummologie permet de regarder en arrière pour puiser dans notre passé, dans notre histoire, en vue de bâtir notre présent et notre futur. Elle permet de construire notre modernité en tenant compte de nos propres valeurs socio-culturelles.

Quel moyen doit être consenti pour une meilleure connaissance de cette science ?

Le premier acquis pour une meilleure connaissance de la drummologie, c’est son enseignement dans les universités de Côte d’Ivoire et les publications faites par les chercheurs pour la promotion de cette science. Il y a ensuite la Fondation Georges Niangoran-Bouah, dont le Président est le Professeur François Kouakou N’Guessan, qui est un cadre et un outil pour préserver les acquis de la drummologie, en conforter les bases scientifiques et ouvrir des perspectives par la prise en compte de problématiques et thématiques variées. Dans sa phase opérationnelle, elle compte allier dans ses activités la recherche sur les instruments parleurs dans d’autres aires culturelles, la transmission du savoir des instruments parleurs par des enseignements pratiques, la revalorisation et la promotion des instruments parleurs à travers l’organisation de festivals.

Que doit-on retenir à la fin de lecture de l’ouvrage et le message à la jeunesse !

Le tambour, le balafon et les autres instruments parleurs font partie de l’héritage culturel de nos sociétés. Nous devons œuvrer à préserver ce patrimoine et à le transmettre aux nouvelles générations. Comme on le dit souvent, si tu ne sais pas où tu vas, tu sais d’où tu viens. Nos jeunes doivent être sensibles à la chose culturelle dans ses diverses manifestations pour qu’ils puissent assumer convenablement cet héritage. Dans ce monde devenu un village planétaire, où la mondialisation tend à étouffer toutes les valeurs endogènes, nous ne pouvons exister et affirmer notre Être qu’en étant en harmonie avec nos propres valeurs culturelles. Notre jeunesse doit savoir s’ouvrir sur le monde, savoir emprunter ailleurs, car aucune société ne vit repliée sur elle-même, mais tout en restant ancrée dans nos valeurs culturelles qui feront sa spécificité particulière.

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Interview réalisée par Mam Ouattara

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