Publié le 25 avril, 2022

Le tam-tam est une pièce maîtresse de l’identité ivoirienne confisquée par les colons français en 1916 et actuellement conservé au musée du Quai Branly à Paris.

La restitution prochaine par la France du Djidji Ayôkwé, le tambour parleur des Ébriés de Côte d’Ivoire, constitue « un geste fortement historique ». Cette restitution a été saluée par la chefferie traditionnelle de ce peuple de la région d’Abidjan. En 2021, le président français Emmanuel Macron a annoncé la restitution, fin octobre au Bénin, de 26 œuvres pillées en 1892, lors de la mise à sac par les troupes coloniales du palais d’Abomey, capitale historique du royaume du Dahomey. Ainsi des œuvres seront remises à la Côte d’Ivoire, dont le Djidji ayôkwe, célèbre tambour parleur ébrié, réclamé de longue date par Abidjan.

Le 20 février dernier ce sont les béninois qui ont été les plus heureux, les 26 œuvres leur ont été restituées.

Qu’est-ce que le Djidji Ayôkwe ?

C’est un instrument de musique en bois, un tambour à fentes de 3,50 m, orné, sculpté et peint. Il constitue un pan de l’art musical traditionnel de l’ethnie ébrié.

Comment le tambour parleur ébrié a-t-il quitté sa terre natale ?

Selon l’histoire, ce tambour était utilisé comme un outil de communication pour transmettre des messages entre différentes localités. Mais en réalité, les colons avaient compris l’importance et le rôle du tambour Djidji Ayôkwé dans la résistance des Ébriés. Car ses fonctions n’étaient pas seulement festives ou solennelles, en période de guerre, le tam-tam parleur jouait le rôle de veilleur. En pays Akan, le tam-tam parleur fait partie des attributs de la chefferie. L’objet avait été « arraché, confisqué, capturé » par les colonisateurs français, car sa « voix » permettait « la mobilisation du peuple Akan » contre les troupes coloniales, avait reconstitué l’ancien ministre de la Culture Maurice Bandaman. Il avait été confisqué par les colons français en 1916 et est actuellement conservé au musée du Quai Branly à Paris.

La Côte d’Ivoire avait officiellement demandé fin 2018 à la France la restitution de 148 d’œuvres d’art africain. « C’est une action à saluer, nous attendons nos œuvres, suite à la restructuration de ceux du Bénin qui s’est fait le mois de février dernier. Le premier objet que nous demandons est le Djidji Ayôkwé, le tambour parleur du peuple Ébrié. C’est un objet symbolique d’une grande importance qui a été arraché pendant la colonisation », avait précisé la directrice du musée des Civilisations de Côte d’Ivoire, Silvie Memel Kassi.

Pour Clavaire Aguego Mobio, chef traditionnel, « ce tam-tam parleur va rappeler notre histoire et revaloriser le peuple Ébrié dont les traces sont en train de disparaître avec l’urbanisation sauvage de l’agglomération d’Abidjan, abritant plus de cinq millions d’habitants ».

Mam Ouattara

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