Publié le 10 janvier, 2022

Selon le Pr Bénie Bi Vroh Joseph, directeur de l’Institut national d’hygiène publique (Inhp) dans les circonstances actuelles, 95% des cas actuels de Rhume, écoulement nasal, toux, fièvre, courbatures, maux de tête… sont dus à la covid-19 et précisément à son variant Omicron. Entretien.

Quelle est la situation de la covid-19 en Côte d’Ivoire ?

Depuis le déclenchement de la pandémie jusqu’à maintenant, nous avons enregistré à peu près 74.000 cas. Et déploré malheureusement 723 morts.  Fort heureusement, nous avons un taux de guérison qui est assez élevé, autour de 96%. Il y a une précision qui est à faire. Depuis la troisième vague que nous avons connu en août-septembre 2021, et qui a fait de nombreux décès, à la fin de cette vague, il y avait une accalmie de pratiquement deux mois.  Autour de laquelle accalmie, le taux de positivité variait entre 1 et 2% jusqu’à cette date que je peux appeler fatidique du 21 décembre, où nous avons commencé à enregistrer le nombre de cas qui était croissant. Ce 21 décembre là, nous sommes passé de 40 cas par jour 170 cas. Et ensuite, le nombre de cas par jour à continuer d’augmenter jusqu’à 2858 cas au 31 décembre 2021. Avec un taux de positivité qui était à 37%. Ce qu’on n’avait jamais connu jusqu’ici.

Delta, Omicron. Est-ce le même virus ou se sont deux virus différents ?

La mutation d’un virus c’est normal. C’est sa caractéristique. Celui-là a beaucoup muté. Vous avez vu les différents variants. C’est le même virus à l’origine qui lorsqu’il circule change de forme en fonction des difficultés rencontrées.  

Est-ce que les 2858 cas du 31 décembre 2021 sont des cas Omicron ?

On ne peut pas le confirmer. Parce que le séquençage ne s’est pas fait sur l’ensemble des 6000 prélèvements ce jour-là. Mais la présence a été confirmée par un ensemble de 138 échantillons sur lesquels on a découvert 78 cas d’omicron.

Quels sont les symptômes d’Omicron ?

Ce qui caractérise ce virus, c’est qu’il a des signes qui sont plus focalisés sur la sphère Orl. C’est-à-dire tout ce qui touche les oreilles, la gorge. Alors que dans le cas de Delta, les signes sont focalisés essentiellement vers les poumons. C’est pourquoi on a eu beaucoup de cas dans le mois d’aout septembre, des personnes qui avaient des difficultés respiratoires. On devait donc les intuber, les oxygéner, etc. Maintenant on a plutôt affaire à des signes qui sont plus au niveau Orl. La personne a un écoulement du nez. La personne tousse. La personne est enrhumée. Elle a une fièvre. Elle a des courbatures, des maux de tête.  C’est des signes qui sont relativement légers par rapport aux signes qu’on a connu à l’époque.

C’est un symptôme à la fois, où tous les symptômes réunis ? quelqu’un qui a un écoulement nasal, ça peut être Omicron ?

Oui ça peut être Omicron.

On ne peut pas avoir de grippe en Côte d’Ivoire, si ce n’est pas Omicron ?

Non pas forcement. Une fois de plus, pour faire la différence, il faut faire les prélèvements. Parce que si vous faites un écoulement nasal, ça peut être une grippe, ça peut être Omicron. Dans les circonstances actuelles, dans 95% des cas, c’est dû à la covid-19.

 On attend les spécialistes dire qu’Omicron est moins mortel ?

Oui. Jusqu’ici. C’est ce qu’on peut dire. Mais encore une fois avec cette maladie, on ne sait jamais. Pour l’instant, c’est ce que ça nous laisse présager.

Tout le monde est malade est-ce à dire que la contagion est beaucoup plus rapide ?

C’est un virus qui est très contagieux. Il est même huit fois plus contagieux que le Delta qui lui était plus mortel. Il est plus contagieux. Mais heureusement, il est plus contagieux.

Depuis le mois de décembre 2021, quelles sont les statistiques en Côte d’Ivoire ?

Tout le mois de décembre 2021, on a enregistré malheureusement une dizaine de décès. Alors que si vous prenez les mois d’août et septembre au cours de la troisième vague qu’on a eu, en août on a eu 112 décès et septembre 183 décès. Alors qu’en décembre, on a une dizaine de décès. Quand on compare le nombre de cas, on se rend compte que on a huit fois plus de cas, dans ce seul mois de décembre qu’on a connu, par rapport aux mois précédents. Abidjan demeure l’épicentre avec 97% des cas. On a très peu de cas à l’intérieur du pays.

On réalise que les enfants souffrent actuellement. Ça n’épargne plus personne.

Les enfants développent la maladie comme tout le monde. Mais encore une fois, la proportion des enfants est moindre par rapport à la proportion des adultes.

Qu’est ce qui explique les flambées de cas ? Les vacances ?

Justement, tout ce qui est évènement qui favorise les interactions sociales, que ce soit, les concerts, les rassemblements, a favorisé cela. Il y a le fait que nous avons relâché un tant soit peu au niveau des mesures barrières. Il y a aussi cette période de l’harmattan qui est favorable à la propagation des maladies respiratoires.

Est-ce que les vaccins qui sont administrés en Côte d’Ivoire sont valables pour Omicron ?

Ces vaccins sont efficaces sur Omicron. En tout jusqu’ici, on n’a pas de preuve de résistance.

Parmi le nombre de décès enregistré en Côte d’Ivoire, est qu’Il y a parmi des personnes vaccinées qui sont mortes ?

Nous n’avons pas encore enregistré et établi formellement la relation entre le vaccin et le décès. Donc on n’a pas enregistré de décès dû au vaccin.

Quelles sont les précautions à prendre aujourd’hui ?

Il y a trois précautions à prendre. Il y a trois recommandations. La première recommandation, c’est qu’on pense à la grippe. Ce ne sont pas vraiment des cas de grippe. La majorité des cas, c’est covid-19. Donc il faut vous faire dépister. Chaque fois que vous avez des signes qui s’apparentent à la grippe, il faut vous faire dépister. C’est-à-dire, les fièvres, les rhumes, les courbatures, mal de gorge, il faut vous faire dépister. Il faut éviter de se livrer à l’automédication. Deuxième chose, il faut observer les mesures barrières même quand vous êtes vaccinés. Et puis troisièmement, il faut vous faire vacciner.

Retranscrit par Djolou Chloé

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