Publié le 3 mai, 2022

Elles ont décidé de manifester leur mécontentement en marquant un arrêt de travail durant trois jours. La cause ? Ces femmes revendiqueraient trois mois d’arriérés de salaire à leur employeur. Que s’est-il passé pour qu’elles arrivent à là ? Le magazine voiedefemme.net est allé au contact de ces dames pour en savoir plus sur cette situation. Reportage.

Fatiguées d’attendre le paiement de trois mois de salaire, les ouvrières de la structure de recrutement de main d’œuvres Rmo qui sous-traite avec Olam (une société de transformation de la noix de cajou située à Anyama), ne sont pas du tout contentes de leur employeur. Et, elles l’ont fait savoir à travers un arrêt de travail qui a duré plusieurs jours. 

« Tous les jours, nous nous réveillons très tôt, abandonnant nos enfants, pour venir travailler, dans les conditions pénibles… Mais depuis trois mois, les patrons ne paient plus et ne disent rien pour nous rassurer.  Raison pour laquelle nous avons décidé de grever », nous affirme une dame qui a décidé de garder l’anonymat. Selon cette dernière, face à cette situation, leurs responsables avaient promis deux semaines pour trouver une solution à ce problème. Les deux semaines étant écoulées, « notre patron Rmo qui selon lui n’avait rien à dire pour le moment a répondu qu’il attendait la réponse d’un courrier adressé à Olam », raconte-t-elle. Elle dit ne rien comprendre de la situation. « Lorsque nous nous adressons à la société Olam, elle nous renvoie auprès de notre employeur Rmo », marmonne-t-elle, furieuse sauf que, dit-elle, « si nous refusons de reprendre le travail, nous serons remplacées par d’autres femmes. Donc nous ne savons plus vers qui nous orienter, pour nos droits ».

Pour K.A, une autre travailleuse qui raconte la pénibilité de leur condition de travail, « avant, nous étions payées par le nombre d’heures effectuées dans la semaine, ce qui nous revenait à 27.000f du lundi au vendredi. Mais aujourd’hui, nous sommes payées par rendement. Ils nous soumettent par jour, 15 kilogrammes de noix de cajou remplis de résistants et très difficile à traiter. Ainsi, nous nous retrouvons en fin de semaine avec des miettes telles que (9000f, 10.000f, 8000f…) dû au mauvais état du produit à traiter. Un mélange de produits qui impacte très fortement notre rendement », avoue-t-elle, désolée.

Mlle N.A, ne dit pas autre chose. Elle abonde dans le même sens ; difficiles conditions de travail. « Regardez mes mains… Nous travaillons sans équipements adéquats. Tout le monde sait que la sève du cajou est dangereuse. Mais personne ici ne songe à notre sécurité. On ne nous donne pas de gangs, de masque, et autres moyens de protection », piaffe-t-elle avant de souligner le nombre qui diminue d’employés. « On était environ 600 femmes, mais aujourd’hui, nous n’atteignons même plus 300 ». Selon elle, après trois mois de travail acharné, certaines ouvrières ont reçu pour salaire, la somme de 5000 Fcfa, d’autres ont perçu 3000 Fcfa (c’est mon cas), d’autres 2000 Fcfa et d’autres ont reçu 1000 Fcfa. Une amie et collègue a reçu, la somme de 50 Fcfa sur son compte mobile money.

Quant à Madame Y.S, une veuve avec deux enfants scolarisés à sa charge, elle n’en peut plus de cette situation. Elle a décidé de lancer un appel aux autorités afin de trouver une solution à leur problème : « Aidez-nous ! Non seulement, on ne nous paye pas bien, et depuis trois mois nous sommes sans salaire. Que nos autorités nous aident à rentrer en possession de notre dû », s’est-elle lamentée.

A Anyama, à la société Olam où nous sommes rendus pour avoir la version des responsables de la société, personne n’a voulu nous répondre sur cette situation. « Prenez rendez-vous avec le directeur, nous on ne peut rien vous dire ! », nous a-t-on jeté au visage au portail de cette entreprise. Même chose du côté de Rmo. L’omerta total !

Que cache le mutisme des responsables de ces deux sociétés ? On n’en saura pas plus pour l’heure. En attendant qu’ils parlent pour éclairer la lanterne de leurs employés et des Ivoiriens, des femmes, nos mères souffrent dans des conditions de travail pénible et dans l’indifférence totale des autorités ivoiriennes…  

Yahafe Adama Ouattara (stagiaire)     

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