Publié le 4 janvier, 2023

En Côte d’Ivoire, les périodes des fêtes de fin d’année constituent un ballet au rythme duquel clients et commerçants sont contraints de danser le tango. Les années passent et se ressemblent. Acheter en gros et revendre en détails est devenu un véritable calvaire pour les commerçants. Mais aussi, pour les clients, pères et mères de familles contraints de subir l’humeur des commerçants. Il n’y a donc pas de place pour les sentiments. 

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C’est donc dans cette « guerre » où les clients sortent d’emblée perdants que nous nous rendons dans la commune d’Adjamé, ce mercredi 28 décembre 2022. Connue pour sa masse démographique, surtout en période des fêtes, cette commune n’a pas dérogé à sa réputation à quelques jours de la fête du nouvel an. 

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De la Liberté vers l’église Universelle, jusqu’au Black Market pour arriver sur le boulevard Nangui Abrogoua, c’est le même constat. Un« embouteillage humain » a fini par avoir raison des véhicules qui peinent à se frayer un chemin. En effet, c’est dans ces conditions difficiles que commerçants et clients ont décidé de braver la forte chaleur. Sauf que, chacun de son côté, crie sa détresse face à la dureté du marché. 

C’est le cas de cette dame que nous avons rencontrés en face de la pharmacie Makissi. « C’est trop dur. Tout est devenu cher. On n’arrive pas à s’en sortir », a-t-elle crié à Notre micro. Elle pointe du doigt la crise sanitaire. « Ça la (nous montrant un jouet véhicule pour enfant), c’est devenu 2000 Fcfa. Alors qu’avant, on l’achetait à 1000 Fcfa. Dans ces conditions, nous sommes obligés de mettre 500 Fcfa sur le prix d’achat. Je n’en dirai pas plus, mais tout a augmenté », s’est-elle plainte avant de retourner à ses affaires. 

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À quelques mètres d’elle, c’est au tour d’un commerçant de chaussures de s’y coller. A l’écouter, ce n’est pas seulement une affaire de fête. « C’est la période », dit-il. Et lorsque c’est ainsi, argumente-t-il, les clients ne comprennent pas. « Les chaussures qu’on prenait avant à 5000 Fcfa prix en gros, est passée à 7500 Fcfa. C’est dur mais qu’allons-nous faire ? », s’interroge le commerçant de chaussures pour hommes. Une autre dame, vendeuse de chaussure pour bébés, ne dit pas autre chose. « L’année passée, on faisait les chaussures pour enfantsà 700 Fcfa ou 800 Fcfa. Mais maintenant, c’est devenu 1000 Fcfa. Donc nous sommes obligés de mettre quelque chose dessus pour espérer nous en sortir », avance-t-elle. Toutefois, la dame reste confiante, car la vente des chaussures des bébés est une véritable mine d’or. 

La mairie : l’auteur de tous leurs malheurs

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Notre présence sur le boulevard suscité nous a permis également d’entendre l’amertume des femmes commerçantes qui sont installées dans les magasins. Cette dame qui a souhaité garder l’anonymat, comme toutes les personnes rencontrées, a clairement désigné l’auteur de leur échec. Et à l’en croire, ce serait la mairie d’Adjamé. Car, pour elle, les femmes installées dans ces magasins subissent la mauvaise foi des agents de la mairie au détriment, révèle-t-elle, des femmes autrefois déguerpies.« Ce sont dans les espaces que la mairie a cassés pour déguerpir les commerçants qu’occupent d’autres femmes aujourd’hui pour vendre. Elles ne paient rien, ni impôt, ni Occupation du domaine public (Odp), rien. Elles donnent juste un peu d’argent aux agents de la mairie et on les laisse vendre. Alors que nous, nous payons tout », a dénoncé cette vendeuse de robes pour petites filles. 

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Et cette mère de famille d’interpeller l’Etat ivoirien. « Je demande à l’Etat d’essayer de voir la mairie pour nous aider. Nous avons trop de dépenses », a-t-elle souhaité. Non sans préciser que certaines femmes comme elle, se sont endettées afin d’acquérir des marchandises. « Avant tu ne pouvais même pas rentrer ici. Mais aujourd’hui tu vois comment il y a de l’espace ? », s’est encore désolée cette dame. 

Malgré tout, les commerçants font avec cette situation qui ne les arrange guère. Pour ces derniers, « Cela a toujours été ainsi en période des fêtes ». Il n’y a donc pas lieu de se lamenter. Même les clients ont fini par se faire à l’idée que cette situation est due aux fêtes. 

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Abou ZEID

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