Publié le 7 mars, 2022

On les retrouve partout dans la capitale économique, elles sont reconnaissables par leur uniforme vert, un chapeau pour se protéger du soleil, des balais à manche, des pelles et des seaux de ramassage. Elles, ce sont les balayeuses des rues, gardiennes de la salubrité de la ville d’Abidjan. Sable, sachets d’eau, bouts de papiers, feuilles mortes, herbes sauvages, déchets solides, laissés par les usagers, sont balayés, regroupés et collectés. Voiedefemme.net s’est intéressé à leur comportement dans l’accomplissement de leur tâche avec tous les risques qu’elles prennent…

A Abobo azur et Angré 22ème, mardi 02 mars 2022, nous sommes allés à la rencontre de ces balayeuses pour en savoir davantage sur le comportement qu’elles adoptent sur les routes vis-à-vis du danger lié à la circulation.

Une histoire de délai

Elles sont unanimes : ce n’est ni une affaire de courage ni une affaire de prendre de risque ou même d’incivisme. Ces femmes sont contraintes au respect des heures de travail qui leurs sont imposées.

« La décision sur les heures de balayage ne vient pas de nous. Les heures auxquelles on balaie nous ont été recommandées. Nous devrions commencer à 7h30 minutes et descendre aux environs de 14 h30 minutes. Mais le jour où il pleut, nous commençons tardivement le travail pour aller jusqu’à 16h avant de descendre », raconte Madame Férima, balayeuse à Cocody-Angré 22ème qui précise : « il y a des heures de contrôle où les surveillants doivent s’assurer de votre présence sur le lieu de travail, vous voir en train de travailler. En plus vous devriez finir forcement avant l’heure indiquée ». 

Une autre, cette fois-ci à Abobo Azur aborde dans le même sens que Madame Férima. « Nous ne pouvons pas attendre après les heures de pointe avant de commencer à balayer car le temps nous est compté.  Nous devons forcement finir de balayer avant le délai qui nous a été imparti. Raison pour laquelle on se précipite à balayer », avance Madame Basile Eunice, désolée.

Et des risques ?

« Nous sommes toutes au courant des risques liés à ce travail, mais nous n’avons pas le choix », marmonne mademoiselle Awa. Elle explique qu’en cas d’accident de travail soit c’est le conducteur de la voiture qui est chargé de les soigner soit ce sont leurs responsables qu’ils le font. C’est pour cela, précise-t-elle, « nos chefs nous recommandent surtout d’attendre que le feu soit rouge avant de balayer, et une fois le feu est vert on doit s’arrêter et laisser les véhicules passés. ».

Or, c’est souvent le contraire qui est constaté sur le terrain. « Je ne sais pas ce qu’on leur dit mais, ces femmes ne respectent pas les automobilistes que nous sommes. Elles sont toujours en pleine chaussée sans tenir compte du risque qu’elles prennent », s’insurge M. Jules Aka, un chauffeur de taxi communal à Cocody.

Avec Jules Aka, plusieurs automobilistes se sont plaints du comportement des femmes balayeuses de rues. « Elles exagèrent parfois. Même quand tu klaxonnes, elles font comme si elles n’attendent pas. Ce n’est pas normal ! », enfonce M. Doumbia, exaspéré.

Face aux reproches dont elles sont l’objet à longueur de journée, Mme Adja Fatou estime que les chauffeurs en font un peu trop. « Ils veulent qu’on laisse les rues sales ? », s’interroge-t-elle. « C’est par sécurité que nous balayons la journée. On sait tous que pendant la nuit, les chauffeurs sont imprudents », rappelle-t-elle Adja Fatou. En plus, selon elle, les gens doivent comprendre que chacune d’entre nous sommes mariées. Il y a le devoir conjugale à honorer également. « Qui accepterait que sa femme travaille si tardivement chaque jour ! », martèle-telle. « Ce travail ne nous plaît pas mais c’est pour pouvoir subvenir à nos besoins tel qu’envoyer les enfants à l’école, les habiller, les nourrir … qu’on le fait avec l’aide de Dieu » a-t-elle conclu.

Ouattara Adama (stagiaire)

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