Grâce au numérique, beaucoup d'étudiants arrivent à se trouver des opportunités.

Chaque année, les grandes écoles ivoiriennes mettent sur le marché de l’emploi de centaines de milliers de diplômés. Mais le moins que l’on puisse dire c’est que beaucoup peine à décrocher le premier emploi.

 En Côte d’Ivoire, il existe de nombreux cabinets ou plateformes de recrutement qui lancent des offres d’emploi. Il suffit de postuler en ligne, partout où l’on se trouve. Mais les jeunes diplômés sont encore à la recherche d’un premier emploi.

« Pour postuler on nous exige une expérience. Comment peut-on acquérir une expérience alors qu’on n’a pas encore eu un premier emploi », s’interroge Traoré Drissa, titulaire d’un Brevet de technicien supérieur (BTS) en communication d’entreprise. Depuis bientôt deux ans, T. Drissa se ‘‘débrouille’’ à la casse d’Abobo avec son frère aîné, un mécanicien. Titulaire d’une licence en développement d’applications et e-Services (DAS), Konan Séverin, vit la même angoisse: « Après l’obtention de mon diplôme, il y’ a trois ans, j’ai postulé à plusieurs offres d’emploi, personne ne m’a encore appelé », se plaint Séverin qui a fait plusieurs tests d’entretien. Mais partout les entreprises lui ont demandé s’il avait ‘‘une expérience professionnelle’’.

Ils sont nombreux, ces étudiants diplômés qui butent sur cette barrière de l’expérience pour avoir accès au monde du travail. « La plupart de nos camarades qui trouvent du travail sans expériences professionnelles, ont été aidé par des proches parents, j’en suis convaincu», dit Koné Alhassane, Ingénieur en électrotechnique et automatismes industriels. « Il y’a certainement une vraie complaisance dans les recrutements. Les recruteurs mettent en avant leur familiarité avec le demandeur d’emploi », souligne découragé le jeune diplômé.

Pour remédier aux difficultés que rencontrent les diplômés à la recherche d’un premier emploi, l’État par la loi N°2015-532 du 20 juillet 2015, portant code du travail fait obligation aux entreprises de proposer un contrat de qualification ou expérience professionnelle aux stagiaires. L’ article 13.14 de cette loi stipule « Le contrat stage de qualification ou d’expérience professionnelle est la convention par laquelle l’entreprise s’engage, pour la durée prévue, à donner au stagiaire une formation pratique lui permettant  d’acquérir une qualification ou une expérience professionnelle« . Au ministère de l’Emploi-jeune, l’État a mis en place un cadre pour aider et encourager les entreprises pour ouvrir leurs portes aux jeunes. C’est ce qu’explique Gisèle Kouamé, cadre au ministère de l’Emploi-jeune. « L’État de Côte d’Ivoire a mis en place le Programme d’aide à l’embauche (PAE). Ce programme vise à mettre en entreprise les jeunes diplômés plus particulièrement ceux qui sortent fraichement des écoles. Cela pour leur permettre d’acquérir une expérience professionnelle », explique-t-elle. Elle précise que ce programme donne droit à un stage de 6 mois renouvelable une fois. Et ce stage est appelé stage de qualification.  Pour prendre part au stage de qualification aucune année d’expérience n’est demandé aux étudiants ayant validé leur diplôme. Selon Mme Kouamé, après 12 mois de stage, le jeune diplômé peut postuler aux offres d’emploi et se prévaloir d’un an d’expérience.

Mais tous les recruteurs ne se conforment pas à cette recommandation de l’État. Ces derniers mettent en avant la compétence. « Les entreprises embauchent des personnes qui vont leurs permettre de développer leur activité. Recruter un jeune non qualifié puis le former est une charge pour les entreprises. C’est même une perte pour l’entreprise. Un travailleur qualifié n’a plus besoin d’être formé. C’est pourquoi nombreuses sont les entreprises qui demandent des années d’expérience », explique Martial Assi, responsable d’une entreprise de la place.

Solution : réseautage, hackathons…

Pour faire face à ces difficultés, certaines écoles proposent à leurs étudiants le réseautage qui consiste à adhérer à des structures d’anciens étudiants d’école selon la spécialité. C’est d’ailleurs grâce à ce système que Koné Alhassane a pu trouver son premier emploi, un mois après sa soutenance. « Les écoles misent sur les réseaux de leurs anciens élèves pour que ces derniers insèrent très facilement leurs nouveaux diplômés », fait remarquer l’ingénieur.

Noel, Community manager, a pu se trouver son premier emploi grâce à Internet. « Lors de ma recherche d’emploi, témoigne-t-il, je n’avais pas d’expérience professionnelle. Mes compétences n’étaient pas en conformité avec ce que les recruteurs demandaient. J’ai commencé a participé à des projets, des hackathons ( Évènement au cours duquel des spécialistes se réunissent durant plusieurs jours autour d’un projet collaboratif de programmation informatique ou de création numérique). Je me suis formé selon la demande des recruteurs. J’allais sur les sites d’appel d’offre, tel qu’Emploi-Jeune, Educarière… Pour me former selon la demande des recruteurs, fort de toutes ces compétences acquises, je me suis mis à postuler aux offres d’emploi. C’est ainsi j’ai été retenu par une structure de la place ».

Le chef d’entreprise, M. Assi recommande aux jeunes de profiter du numérique pour continuer à se former : « Avec la digitalisation, ce qui était hier ne peut plus exister aujourd’hui.  Une entreprise recrutera un jeune non qualifié que s’il apporte un plus à l’entreprise surtout dans le domaine du numérique qui est devenu notre quotidien. Les jeunes diplômés gagneraient à se former en tenant compte des offres d’emploi des entreprises », conseille le chef d’entreprise.

Audrey Apie (stagiaire)

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