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On peut l’avouer ! En Côte d’Ivoire, de nos jours, la dot, cette cérémonie qui consiste pour la famille du fiancé à offrir à la famille de la fiancée, lors d’une cérémonie solennelle, un ensemble d’objets et de cadeaux, en espèces ou en nature, et d’accomplir certains rituels afin d’unir les futurs époux, n’est plus ce mariage purement traditionnel d’il y a quelques années. Le modernisme s’y est invité.

Pour de nombreuses personnes, ce que l’on voit aujourd’hui dans les cérémonies de dot, peut être effectivement qualifié de dérive. Ce qui était une simple cérémonie de demande en mariage coutumier ou traditionnel, sans grande dépense, est aujourd’hui, le lieu, de grandes réjouissances modernes avec son lot de dépenses faramineuses, de gigantesques gâteaux, des dragées, etc.

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Et pourtant ! La coutume définit ce qu’il faut fournir et faire pour la dot. Mais, à cause du modernisme, de nombreuses personnes s’en foutent des prescriptions traditionnelles. « Quand une somme est demandée, il faut respecter la symbolique de ce montant. Les gens doivent savoir pourquoi on donne telle somme, tel nombre de pagnes, tel nombre de boissons. Il faut rester sur cette ligne directrice pour éviter toutes ces dépenses et redonner le poids de la culture à ce type de mariage qui est plus socio-culturel qu’autre chose », indique le vieux Assamoi qui précise que « Les cérémonies de dot coûtent cher. Elles n’ont plus rien de culturel, de familial ».

De plus en plus de moyens financiers…

« On constate que les cérémonies de dot nécessitent de plus en plus de moyens financiers… », explique Awoua, désemparée. Conséquences : « Des couples, de nos jours, reportent leur dot parce qu’ils ont besoin de moyens. Ce n’est pas normal. Il faut demeurer dans l’esprit de la tradition. On devrait faire la dot avant d’aller s’asseoir chez son homme parce que ça engage les familles », constate la jeune femme.

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Selon Constant, Ehua, un chef traditionnel de Djibi village dans la commune d’Abobo, « Dans cet acte traditionnel qu’est la dot, il y a ce symbolisme qui dit qu’une famille a donné son enfant à une autre famille. On peut faire le mariage civil à quatre, avec deux témoins. Mais la dot fait appel à l’engagement de la famille. Elle implique la tradition, le respect de ce qui est à fournir et de la parole. On ne dit pas qu’on achète une femme. Un camp dit voilà ce qu’on donne et en retour, l’autre partie consent et accepte l’union », définit-il.

Sauf que le glamour et le faste ont pris le dessus sur la tradition et la simplicité purement traditionnelle de la dot. Gros gâteau, dragées, et autres matériels bling bling s’y sont invités. Emportant les valeurs traditionnelle et culturelle de cet acte purement traditionnel.

Préserver le volet traditionnel

Comment s’y prendre pour préserver le traditionnel de cette cérémonie devant tant d’envie de la nouvelle génération de travestir tout ? Telle est l’équation qui se pose désormais aux garants de la tradition. La dot n’est-elle pas en train de perdre ses valeurs traditionnelle et culturelle ? « C’est malheureusement ce qui est en train d’arriver », répond Maman Cécile qui estime que la dot est un élément de valorisation de notre culture. Elle insiste «qu’il faut garder le volet traditionnel » et que « Ce n’est pas à cette occasion qu’on va venir avec des robes blanches qui ne sont pas de notre patrimoine culturel ».

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Pour elle, c’est à cette occasion qu’il faut mettre en valeur les atouts vestimentaires de sa région. « Des gens se comportent aujourd’hui comme s’ils avaient honte de leur propre tradition. Ils se vêtissent de tenues et se parent de bijoux et de colliers d’autres peuples », se désole-t-elle.

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Au regard des dépenses faramineuses qu’occasionnent les cérémonies de dot, ne faudrait-il pas trouver un équilibre pour l’encadrer et donner la liberté aux futurs époux de verser une dot s’ils le veulent.

A noter que le plus souvent après ces cérémonies fastueuses, le vrai mariage civil reconnu pas l’Etat tarde à arriver. Tout simplement parce que les familles des femmes oublient qu’en donnant à la dot un aspect plus fastueux, avec tout le faste, et toutes les dépenses qui vont avec, le couple peut être essoufflé financièrement.

Rappelons qu’en Côte d’Ivoire la dot n’est pas reconnue dans la loi. Sauf qu’elle est pratiquée. 

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Djazé G.

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