Publié le 2 août, 2021

Depuis 2011 Axel Emmanuel Gbaou, ancien banquier s’est reconverti dans le chocolat. Son entreprise, « Le chocolat ivoirien » évolue avec sa propre marque. Ses produits sont vendus dans le monde entier. Cet entrepreneur qui fait son chemin s’est ouvert à VoixVoie de Femme, ce 23 juillet 2021. Interview.

Vous êtes chocolatier aujourd’hui. Quelle formation vous a conduit à ce métier ?

Je suis né en Côte d’Ivoire et j’ai grandi à Abidjan. J’ai fait la faculté de droit. J’ai étudié la Science politique. J’ai aussi un master en Fiscalité. Ce qui ma conduit à la banque avant que je ne démissionne pour être chocolatier. Mon métier de passion.

Depuis combien de temps votre entreprise existe-elle ?

Depuis 2014.

Comment avez-vous construit votre entreprise ?

Je ne me souviens plus du montant de départ. Mais je sais que ce n’était pas grand-chose. Cependant, beaucoup de personnes m’ont aidé en nature. Aujourd’hui, j’ai construit mon entreprise et je forme d’autre personnes.

Comment faite vous ces formations ?

On a démarré avec la formation d’une première coopérative à Kossou puis nous sommes étendus sur les femmes de d’autres villes notamment Abengourou, Tiassalé, Toumodi, Duekoué…

Ces femmes sont formées à la transformation du cacao. Je prends exclusivement les femmes planteurs. Vous savez que les femmes constituent 68% de la main d’œuvre cacaoyère. Et souvent elles travaillent sans être payées.

Et même les manœuvres qui sont utilisés dans les champs y vont avec leurs femmes.

Mais ce ne sont pas les femmes qui sont payées. Les femmes sont la cheville ouvrière dans la culture du cacao, mais elles ne gagnent pas l’argent du cacao.

Dans mes formations, je leur montre comment transformer le chocolat au village sans machine. Elles font l’extraction du beurre de cacao, la torréfaction du cacao, elles fabriquent du gbofloto au chocolat, des savons au beurre de cacao, du savons au) chocolat, du savon au café. Elles font aussi des baignés au chocolat, des bonbons au chocolat… Je les forme pour qu’elles deviennent des entrepreneurs pour qu’on puisse nous partager ensemble les fruits de nos efforts.

Combien de femmes avez-vous déjà formées ?

Plus de 2000 dans toute la Côte d’Ivoire. J’ai décidé de m’intéresser aux femmes parce que je veux réparer une injustice. Les femmes travaillent pourtant elles n’ont pas droit à beaucoup de choses. Dans certaines contrées, elles n’ont même pas droit à la terre. Et dans le domaine du cacao, c’est encore plus grave.

Vous avez d’autres projets?

Je continue toujours de former les femmes. Nous compter aller à 20.000 femmes formées. Parce que quand une femme est formée, elle peut en forme une autre. Nous comptons ensuite faire une unité de production digne de ce nom, qui va produits beaucoup plus de chocolat. J’ai aussi des projets écologiques que j’ai mis en place avec les femmes dans les plantations.

Les difficultés que vous avez rencontré, et comment les résoudre?

Il faut qu’un écosystème favorable en entrepreneuriat pour ses femmes puisse être mis en place. Il y a aussi le fait qu’on démotive les gens avec des idées reçues du genre qu’un Africain ne peut pas réussir dans ce domaine. Vous aurez toujours des gens pour vous décourager dans ce que vous faites. Mais on ne doit pas baisser les bras. Il faut croire en ce que vous faites. Les femmes que nous avons formées devraient avoir des soutiens internationaux. On devrait créer les écosystèmes pour qu’elles puissent s’épanouir. La solution, c’est de se pencher sur leurs problèmes pour faciliter la distribution de leurs produits.

Quel bilan pouvez-vous dresser à ce jour de vos activités ?

Aujourd’hui je suis très satisfait de tout ce que j’ai fait jusque-là. Tous nos tablettes chocolat sont vendus dans le monde entier. En Arabie Saoudite, au Japon…Vous commandez et on vous livre. Nous sommes présents dans les supermarchés, à côté des grandes marques de chocolat. Vous partez à l’aéroport FHB, il y a le plus grand planteur de Côte d’Ivoire. Nous avons notre marque de chocolat là-bas. Nous sommes fiers de ça. Je dis à tous les jeunes d’entamer cela. Que ce soit l’anacarde, la mangue, le coton… Beaucoup de choses peuvent être fait avec l’initiative privé.

Et pour les femmes, il faut les aider. Mais elles doivent se faire confiance. C’est vrai qu’il y a le patriarcat qui fait que c’est très difficile pour ces femmes. Elles doutent de leurs potentialités. Il faut leur révéler leurs potentialités pour qu’elles puissent se hisser dans la société.

Mamadou Sanogo ( stagiaire)

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