Publié le 2 novembre, 2021

A Abidjan ou la plupart des villes ivoiriennes, les pneus usés se retrouvent dans les rues occasionnant un problème environnemental réel. VoixVoie de Femme a évoqué la gestion de ce type de déchets avec le professeur Bernard Yapi, directeur du laboratoire central du Centre ivoirien antipollution (CIAPOL), ce mercredi 27 octobre 2021 dans les locaux de l’institution à Abidjan-Plateau. Nous vous en proposons la première partie.

Que pensez-vous des pneus usés qu’on trouve un peu partout dans certains quartiers d’Abidjan ?

Ces pneus usés font partie des déchets. Mais ces déchets sont particuliers différents des déchets ménagers. C’est un autre type de déchets qui a besoin d’un autre type de gestion bien adapté. Il faut un mode de collecte, un mode de transport et un mode de recyclage. Bref un mode de gestion.

Qui doit faire ce travail ?

Au CIAPOL, nous ne gérons pas les déchets. Les déchets et leur gestion dont ressort du ministère de la Salubrité, à travers l’Agence nationale de gestion de déchets (ANGED). Mais je dois signaler qu’il est interdit de déposer ces déchets dans la rue. Et ce sont les concessionnaires, les producteurs et les importateurs de pneus qui doivent assurer la collecte et le traitement de ces déchets encombrants.

Pourquoi ce sont ceux-là que vous indexez comme étant les responsables de ces dépôts de pneus usés ?

Le premier responsable des déchets est le producteur d’abord. Mais le producteur peut concéder cette gestion à l’Etat moyennant une taxe qui permet à l’Etat de gérer. C’est le cas avec les déchets ménagers avec la taxe sur les ordures ménagères que nous payons à partir de nos factures de CIE ( Compagnie ivoirienne d’électricité). C’est cette taxe qui permet aux ménages de concéder la gestion de ces déchets ménagers à l’Etat. Mais ici les pneus usés ne sont pas des déchets ménagers. Il faut que ceux qui les produisent payent pour leur gestion. Il faut apporter un regard pour leur bonne gestion.  

Dans le cas des déchets ménagers on voit plusieurs entreprises qui le font. Pourquoi l’Etat ne procède pas de la même façon en taxant les garages, concessionnaires ou autres importateurs de ces pneus ?

L’Etat doit y penser.

Vous dites que la gestion de ces déchets ne relève pas du CIAPOL. Mais ces pneus qui jonchent les rues ne sont-t-ils pas une forme de pollution ?

Vous avez raison. Mais il ‘agit ici de la pollution visuelle. Cela pose déjà un problème de pollution. Mais ici, c’est plus une question de salubrité. Et c’est au ministère de la Salubrité de gérer ces pneus. Mais, je vous l’ai dit, cela s’étend à la responsabilité du producteur. Je crois que c’est à ces producteurs que l’ANAGED devrait pouvoir s’attaquer en mettant en place un cadre formel de gestion de ces pneus.

Cela peut se faire comme on le voit avec les Sociétés de gestion des ordures ménagères. Qui assurent la collecte, le traitement et transfert jusqu’à la décharge de Kossiwa.

Pourquoi ne pas étendre les missions de ces sociétés de gestion d’ordures ménagère à la gestion de ces pneus usés ?

Il s’agit d’un autre type particulier de déchet. C’est aussi le cas des carcasses de véhicules qu’on voit souvent abandonnés sur les routes. Ce sont des déchets particuliers pour lesquels il faut accorder un autre type de gestion. Il faut établir clairement qui enlève ces déchets, quelle société est agréée pour en faire la gestion et trouver un endroit où les déposer. Pour ensuite les recycler. Il leur définir une filière bien orientée et permettre à des opérateurs bien agréés de se consacrer à cette gestion.

Ces pneus sont souvent brulés pour en extraire le métal. Et cela entraine de la fumer qui polluent l’air. Dans ces cas que fait le CIAPOL ?

C’est là, la forme directe de pollution. Et cela est sévèrement réprimé. Les épaisses fumées noires qui se dégagent des flammes contribuent à la pollution. Les émissions abondant de CO2 (dioxyde de carbone) concourent à l’émission de gaz à effet de serre contre le climat. En ce moment on parle dans le cade de la COP 26. Ceux qui brulent ces pneus doivent savoir que ce sont des activités criminelles. Et là la police environnementale du CIAPOL est intraitable.

Arrivez-vous a agir face à ces actes de pollution ?

Nous sommes beaucoup interpellés. Ceux qui font ces feux le font pour l’acier à l’intérieur de la gaine de pneu. Et c’est nuitamment que les gens s’adonnent à ces pratiques criminelles. C’est de la délinquance. Mais nous avons besoin de beaucoup plus de moyens techniques et logistiques pour conduire ces missions. Nous n’avons pas toujours ces moyens. Nous réfléchissons sur la mise en place d’une brigade qui soit alerte pour ce type d’acte criminelle au niveau du CIAPOL. Comme la brigade de la salubrité.

Est-ce que la gestion de ces types de déchets ne peut pas inspirer un système unique, mobilisant tous les spécialistes du département de la Salubrité, de l’Environnement et du CIAPOL ?

Ces questions étaient gérées sous la houlette d’un seul ministère qui était le ministère de la Salubrité, de l’environnement et du développement durable. Maintenant, le ministère a été scindé en deux : le ministère de la Salubrité et le ministère de l’environnement du développement durable. Ce dernier est notre tutelle. Mais je pense que cela fait partie de la politique de l’Etat. Ce sont des pistes à explorer.

Békanty N’Ko

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