Publié le 12 avril, 2021

Les chiffres de la migration irrégulière grimpent de plus en plus. Selon l’UNESCO Abidjan, la Côte d’Ivoire vient en 2ème position avec 6.7 % de migrants après le Nigéria sur les dix premières nationalités de migrants arrivés en Italie entre janvier et novevembre2016.

Larissa Bah s’en souvient encore. « Il y a quelques années, après avoir été aux obsèques de mon père, j’ai été renvoyée du petit boulot que je faisais sous prétexte que j’avais duré au village. Les jours d’après, le mari à ma tante m’a contactée et m’a informé de ce qu’on cherchait quelqu’un pour aller travailler en Tunisie. J’ai accepté cela pour m’occuper de mes frères et sœurs. Arrivée à l’aéroport, je me suis rendue compte que j’allais plutôt au Koweït. Je suis partie néanmoins ».

Elle poursuit : « Arrivée sur place c’était la vie dure. Plus difficile qu’en Côte d’Ivoire. Tout allait bien dans la première maison où on m’a emmené au début. La dame était gentille, après elle pensait que j’entretenais une relation amoureuse avec son mari qui m’appréciait. Elle a commencé à me battre à chaque fois. J’ai donc décidé de revenir au pays. J’ai recontacté les personnes qui m’y avait emmené, ils m’ont demandé d’attendre pourtant j’étais menacé de mort. Un jour le monsieur est venu me trouvé avec sa femme qui me criait là-dessus tenant un couteau en main. La dame a lancé le couteau qui m’a blessé. J’ai fui la maison, pour une autre et c’était pire. Le patron me faisait des avances que je refusais, il me battait. J’ai encore fui.  

Je suis arrivée dans une troisième maison, après avoir demandé ma nationalité, mon patron a estimé que j’étais de mèche avec son ancienne employée de nationalité béninoise qui lui avait volé son argent. Il m’a ensuite mis dans un trou. C’est ainsi que j’ai fait la vidéo pour demander au président Alassane Ouattara et au ministre Hamed Bakayoko de m’aider afin de retourner auprès des miens. Suite à cela,  le Président de l’ONG de Lutte contre l’immigration illégale secours assistance et développement (LISAD), a mis tout en œuvre pour mon retour au pays », raconte la jeune dame qui peine encore à trouver de l’emploi.

Mais, elle précise : « contrairement aux autres, je suis allée par la voie légale, mais j’ai vécu l’enfer. Je préfère m’arrêter là pour éviter de faire pleurer l’assemblée. Tout ce temps perdu pour rien, mon salaire n’a jamais été versé. Il vaut mieux rester au pays pour trouver de quoi à faire », conseille Larissa d’une voix tremblote.

Ce témoignage s’est faite le jeudi 8 avril 2021, à l’occasion des séances de restitution des journées de sensibilisation sur la migration irrégulière par les organisations de jeunesse à l’initiative de l’UNESCO.

Les cas sont légion. Comme elle (Larissa), de nombreux jeunes ont tenté l’aventure sans gain de causes, pendant que plusieurs autres s’y préparent. Le cas de la jeune femme Mariam et de sa fille fait la une de la toile en ce moment. « Selon plusieurs sources, cette dernière avait une situation stable, malheureusement l’envie de vivre en Europe l’emmena à tenter le chemin de la méditerranée avec sa fille. Elles sont toutes les deux décédées », témoigne la Présidente de l’ONG INDP  Mélissa Sika

Au regard de cette situation, plusieurs structures tentent tant bien que mal de sensibiliser les jeunes, mais aussi la population. C’est le cas de l’UNESCO et l’ONG LISAD.

« L’UNESCO qui a pour mission de promouvoir la construction de la paix, l’éradication de la pauvreté, du développement durable et du dialogue interculturel grâce à l’éducation, les sciences, la culture, la communication et l’information avec l’appui financier du gouvernement Italien, travaille dans le cadre du projet d’autonomisation des jeunes en Afrique grâce aux médias et à la communication, en vue de lutter contre la migration irrégulière et la traite des êtres humains à travers une série d’actions, y compris des campagnes de sensibilisation et d’information sur les risques migratoires.

Ce qu’on peut faire, c’est d’inviter le maximum de structures de jeunesse qui invitent d’autres organisations à participer à nos séances de sensibilisations. C’est ainsi dans un mariage que nous pouvons développer d’autres idées et actions pour accentuer la lutte contre la migration irrégulière », indique Boni Claver, coordonnateur dudit projet pendant la série d’échanges.

L’ONG LISAD s’en tient pour le moment à la prise en charge médicale et psychologique des migrants de retour. « Tout d’abord il faut sauver et secourir la personne en danger. Une fois que la personne arrive, nous avons des partenaires avec qui nous travaillons dont le comité national de lutte contre la traite des personnes, à qui on confie ces personnes pour une prise en charge médicale et psychologique. Il faut aussi aider la personne à s’insérer. A ce niveau nous sommes limités par manque de moyen pour la prise en charge totale », fait savoir le Président de l’ONG Hervé N’Dri.

La loi ivoirienne à Propos de la migration irrégulière

Depuis le 8 décembre 2016 une loi relative à la lutte contre la traite des personnes indique désormais que la migration irégulière est considérée comme une traite des personnes. Cette loi est suivie d’un décret de répression des personnes véreuses qui s’organisent en réseaux pour vendre leur semblable. Il y a également une unité spéciale de lutte contre ce fléau, l’Unité de lutte contre la criminalité transnationale (UCT) qui travaille en collaboration avec le comité national de lutte contre la traite des personnes. « Si vous découvrez qu’un enfant est maltraité, vendu… Vous pouvez vous référer à l’UCT ou au comité national de lutte», souligne le premier responsable de l’ONG LISAD.

Marina Kouakou

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