Tous les enfants sont venus dans cet orphelinat quand ils étaient encore nourrissons.

Publié le 6 juillet, 2020

Il y a 7 ans, le 20 juillet 2013, l’ivoirien Kraba Axenfeld fondait l’orphelinat Emmanuel à Gagnoa (centre ouest ivoirien). Avec pour objectif d’accueillir les enfants abandonnés par leur géniteur. Aujourd’hui, il en compte plusieurs dizaines de tout âge.

12 juin 2020. Nous sommes au quartier Soleil, non loin du corridor, sur l’axe d’Oumé à Gagnao. Plus précisément dans l’enceinte de l’Orphelinat Emmanuel. Il est midi passé de quelques minutes. C’est l’heure de passer à table. Les enfants sont en file indienne devant la cantine. Chacun attend son tour d’être servi. Tour à tour on se lave les mains puis s’installe autour des tables à manger. Ici, le service est organisé. Sur chaque table, il y a un ‘’leader’’ qui impose l’ordre et la discipline autour du repas. Mais il faut attendre que tout le monde soit servi. Puis on passe à la prière… avant de manger. « C’est à bas âge qu’il faut enseigner la prière aux enfants pour qu’ils s’en imprègnent une fois devenus grands », explique Seri Armand Christ, le responsable administratif de l’orphelinat Emmanuel de Gagnoa.

56 pensionnaires

C’est le 20 juillet 2013 que ce centre d’accueil d’enfants ‘‘sans parents’’ a ouvert ses portes dans la capitale du Fromager avec 16 pensionnaires. Aujourd’hui, l’effectif a atteint 56 enfants : 29 filles et 27 garçons. Son fondateur est l’ivoiro-Allemand, Kraba Axenfeld.  L’orphelinat se compose de 5 bâtiments. Un dortoir fille, un dortoir garçon, une salle polyvalente, une cantine et une cuisine. Avec un personnel d’encadrement au nombre de 11 bénévoles.

Selon le responsable administratif de l’orphelinat, les pensionnaires, dont l’âge varie entre 4 et 18 ans, leur sont confiés, soit par la police, soit par le Centre social de Gagnoa, ou encore par la direction régionale du ministère de la Famille, de la femme et de l’enfant. « Souvent nous recueillons ces enfants dans des conditions déplorables. Habits en haillons, le corps couvert de gale. Mais il faut les accepter malgré tout », souligne l’administrateur. Il se souvient qu’il y a deux ans, une mère indigne avait abandonné nuitamment son enfant devant l’orphelinat. « La mère a pris soin de ligoter le nourrisson, de sexe féminin à un arbre, avec les bagages de l’enfant à côté. Nous avons découvert l’enfant au petit matin et nous l’avons intégré à l’orphelinat. Avec le temps, nous nous sommes rendus compte qu’elle a un problème d’audition », se souvient M. Seri. En dehors des 56 pensionnaires du centre, il gère également trois nouveaux nés, placés dans différentes familles d’accueil, compte tenu de leur fragilité.

Bébés orphelins

« Il y a un bébé de neuf mois dont la mère est prostituée. La mère nous a confié qu’elle ne voulait pas de l’enfant. Elle exerce son métier en parcourant les maquis. Lorsque qu’elle a un client, elle abandonne le bébé sous les chaises. Le temps de s’occuper de son client. C’est le ministère de la famille qui nous a envoyé le bébé », raconte Armand Christ. « Il y a encore deux autres bébés.

L’un a perdu sa mère en couche pendant que l’enfant naissait par césarienne ; l’autre bébé a sa mère qui est folle », regrette notre interlocuteur. Avec l’effectif de l’orphelinat, il faut suffisamment de moyens financiers pour nourrir au quotidien, toutes ces bouches. « Nous vivons sur fond propre. Notre principal soutien vient des églises catholiques. Et quelques personnes de bonnes volontés », souligne Christ. Il a un pincement au cœur, à l’idée que les autorités de la ville s’intéressent moins à l’orphelinat et à ses pensionnaires. « Récemment, le maire Yssouf Diabaté nous a fait don de 5 sacs de riz, des pâtes alimentaires et de l’huile », rappelle Armand. « Si la mairie et le conseil régional pouvaient nous venir en aide, ce sera une bouffée d’oxygène. Nous ne bénéficions pas de subvention de la part des structures décentralisées », plaide-t-il pour que l’État de Côte d’Ivoire, à travers ses démembrements, viennent au secours des enfants du Centre. Seri lance un appel aux cadres pour qu’ils jettent un regard sur l’orphelinat. « Ouvrir un orphelinat, c’est fermer une prison. Ces enfants sont l’avenir de la Côte d’Ivoire », interpelle Seri, l’opinion nationale. Il n’a pas tort de le dire. A preuve, sur les 56 orphelins, 50 d’entre eux fréquentent l’école. 17 au secondaire contre 33 au primaire. Parmi les collégiens, 7 sont en classe de 3e, dont deux sont titulaires du BEPC depuis l’an dernier. Cette année, ils présentent le test d’orientation en 2e. Au niveau du primaire, six enfants frappent à la porte de l’entrée en 6ème. L’an dernier, le centre Emmanuel a eu un score de 90 % à l’entrée en 6ème et 100% au BEPC.

                                                   SOS pour le car

En cette année scolaire, la difficulté de ces élèves réside dans le moyen de déplacement. Le car qui assurait la liaison entre l’orphelinat et les écoles n’est plus fonctionnel. « Nos enfants marchent pour aller et revenir de l’école. C’est encore plus fatiguant pour ceux du primaire », fait remarquer le responsable du centre.

Mensuellement, ce sont 10 sacs de riz de 50 kg qui rentrent dans le ventre des orphelins. Quand le Covid-19 a déclenché, les responsables de l’orphelinat, à en croire son responsable administratif, ont pris des dispositions pour mettre les enfants à l’abri de la maladie. Un robinet pour le lavage des mains a été installé au cœur de l’orphelinat. Interdiction a été faite aux pensionnaires de l’orphelinat de rentrer en contact avec l’extérieur et vice versa. Étant donné que les écoles étaient fermées, les enfants du centre ont eu droit à plusieurs types de jeu pour qu’ils ne s’ennuient pas. L’une des inquiétudes du responsable de l’orphelinat Emmanuel est le point de chute des élèves sous sa charge après le baccalauréat. Car dira-t-il, les structures d’accueil après l’obtention de ce diplôme, ne sont pas en grand nombre dans la cité du fromager. « Allons-nous les mettre dans des familles d’accueil à Abidjan », s’interroge-t-il.

A Doua

1 Commentaire

  • par voixvoie de femme
    Publié juillet 7, 2020 10:34 am 0Likes

    VoixVoie De Femme tient à encourager et remercier M SERI Armand Christ, Responsable administratif de l’orphelinat Emmanuel de Gagnoa, dans cette oeuvre humanitaire pour les orphelins. Avec espoir que cet article touche des bonnes volontés pour vous venir en aide.

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