Publié le 31 juillet, 2020

Selon plusieurs organisations acteurs du secteur des droits de l’homme, les défenseurs des droits humains subissent des pressions.

En janvier dernier, la coordinatrice du mouvement citoyen No-Vox, Yvonne Toba, faisait l’objet des menaces de mort. Selon elle, c’était à cause de son engagement contre l’accaparement des terres et pour les droits de la paysannerie. « J’ai dû quitter le pays », s’en souvient-elle encore.

« Tout a commencé en octobre 2019 quand No-Vox Côte d’ivoire et d’autres mouvements alliés réclamaient la libération d’un journaliste, Konan Yao Hubert arrêté pour avoir soutenu sa communauté qui s’opposait à l’exploitation minière dans le village de N’Dakouassikro. J’ai organisé une conférence de presse et des campagnes en ligne pour dénoncer cette injustice et violation de droit de l’homme. Pendant cette période d’action de dénonciation qui a duré 3 mois, j’ai reçu plusieurs messages Facebook d’injures et intimidations. Chose que j’ai banalisé pour me concentrer sur l’essentiel », raconte-elle.

Mais les choses s’amplifient après la sortie officielle du rapport de No-Vox sur les différentes violations des droits des communautés villageoises de ce village, en lien avec le projet d’exploitation minière. Ce rapport est intitulé : « Résister contre l’extractivisme, La communauté de N’Dakouassikro revendique ses droits ».

« J’ai reçu, début janvier, deux appels de numéros masqués au bout du fil des personnes qui semblaient savoir où j’habite et avec qui je vis. Leurs menaces impliquaient ma famille. Une semaine après ces appels, je reçois encore un autre message d’un faux compte Facebook (avatar) qui me prévenait qu’ils savent où me trouver », se souvient Yvonne Toba.

La coordonnatrice avait tenu une sortie officielle de dénonciation tout en exprimant sa crainte quotidienne…

La Côte d’Ivoire n’est pas pour autant muette sur la protection des défenseurs des droits de l’homme. En 2014, le pays s’est doté d’une loi portant protection des défenseurs des droits de l’homme. Ce texte a été suivi, le 22 février 2017, par un décret d’application précisant les modalités de mise en œuvre de cette loi. Les deux textes ont pour objectif de créer un espace favorable aux défenseurs des droits de l’homme pour réaliser en toute sécurité leurs activités.

En côte d’ivoire, comme dans d’autres pays de l’Afrique, c’est un fait. Les défenseurs subissent des pressions. Selon la responsable d’International service for Human Right (Ishr), Stéphanie Wamba, cela dépend des axes d’interventions. « Nous espérons qu’avec la loi, les plaidoyers, les choses vont changer », souhaite-elle.  

Pour la Coordinatrice nationale de la Coalition ivoirienne des défenseurs des droits de l’homme (Ciddh)  Marthe Coulibaly «  Ce qu’il faut retenir c’est que quel que soit la thématique d’intervention, le travail qu’il fait, le défenseur des droits humains s’expose déjà à des risques ».

Cependant, les organisations qui défendent les défenseurs des droits humains constatent une légère utilisation de ladite loi. « Nous constatons une faible utilisation par les défenseurs. Pourtant nous sommes en train de passer à une autre étape qui est le plaidoyer mise en œuvre du mécanisme de protection qui permettra vraiment d’assurer de façon efficace la protection des défenseurs », s’en plaint la responsable de Ishr.

Marina Kouakou

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