Publié le 27 août, 2020

Directeur marketing de l’Association des tisserands de Divo, membre fondateur du jardin des palmiers, un centre de formation sur les matières premières sis à Divo, Baï Jean Michel Evra est également conseillé auprès du Directeur de formation de l’école de raphia. Dans cette interview accordée à Voie Voix De femme, il évoque le rôle de cette école appelée Jardin des palmiers dans la formation des acteurs de ce secteurs. 

Le raphia est beaucoup prisé dans la confection d’objets d’arts divers. Vous avez même fondé une école de formation appelée Jardin des palmiers pour apprendre les métiers du raphia. Pouvez-vous nous parler de cette école du raphia ?

Le jardin des palmiers est un centre de formation. Il a été créé par l’Association des Tisserands de Divo depuis l’année 2011 en partenariat avec le Centre suisse de recherche scientifique (CRRS) à Genève. Nous sommes en même temps un conservatoire pour tous ceux qui voudront faire des recherches culturelles sur le raphia, le rotin et le palmier à huile. Nous avons aussi un jardin botanique au sein du centre. 

Comment accède-t-on à ces forations ? 

Il n’y a pas vraiment de critère pour y prendre des cours. Le centre est ouvert à tous. Femmes, Hommes, jeunes, vieux. Il faut juste être majeur. Mais les déscolarisés de moins de 18 ans font l’exception, puisque nous voulons les empêcher de s’adonner au vol… Avant on faisait du social aux personnes qui n’avaient pas d’argent. Aujourd’hui, on n’a pas encore de tarifs dressés, mais la formation n’est pas gratuite. 

Comment se fait concrètement la formation ?

Nous donnons la formation depuis la récolte du raphia, du rotin et du palmier à huile sept jours sur sept de 8 heures à 16 heures. Les modules du raphia prennent en compte la récolte, le tissage jusqu’à la teinture qui est la finition. On apprend aux apprenants le tissage, le positionnement des matières premières et les teintures. Dans la récolte, il y a la façon de bouillir ou de changer la couleur avant de tisser, ou de tisser et puis changer la couleur. Dans le tissage, on leur montre plusieurs qualités à respecter et puis dans la teinture, C’est là le travail est un peu plus compliqué. Il y a plusieurs motifs. 

A l’école du raphia, nos étudiants apprennent également à construire des maisons avec le bambou de rameaux. Ils font l’immobilier du raphia. Nous avons trois classes en ce moment. La formation se fait de 1 an à 3 ans, voire 5ans pour des raisons de teinture de finition parfaites.

Quels débouchés pour ces formations sur le raphia ?

La plupart de nos anciens étudiants sont installés à Abidjan en tant que chefs d’entreprises… A leur propre compte. Nous n’avons pas encore un système d’insertion. Nous sommes en pourparlers avec d’autres partenaires pour développer le centre. La majorité de nos anciens étudiants sont devenus des chefs d’entreprises. 

Avez-vous un soutien de l’Etat ?

Non. Pas encore. Nous n’avons pas véritablement terminé les démarches que nous tentons de commencer au près du représentant du ministère dans le Lôh-Djiboua. Mais nous avons besoin de financement. Il nous faut des fonds pour ouvrir des stands à Abidjan et même à l’extérieur. Cela nous permettrait de tisser au moins une centaine de produits par jour voire plus, pour ravitailler nos premières boutiques installées à Divo, Abidjan, Adiaké,  et à Yocoboué.

Avez-vous un programme particulier pour les femmes ?

Les femmes sont généralement dans le vestimentaire, les bijoux. Nous envisageons de former et de les aider à s’installer à leur propre compte. Pour le moment on leur apprend la cordonnerie du raphia traditionnel et semi. Il y a six femmes en beauté, et en cordonnerie. Nous comptons les former, les installer et les amener à présenter leurs œuvres au défilé que nous prévoyons. Nous travaillons avec plusieurs instituts de beauté. Aujourd’hui, nous voulons monter un festival dans lequel il y aura des défilés avec les produits du raphia.

Avez-vous des projets pour l’avenir ?

L’idée c’est de sensibiliser la population à se vêtir en raphia. En tout cas, nous envisageons de créer une ligne de vêtements en raphia en partenariat avec des stylistes locaux et internationaux. Cette ligne de vêtements va permettre à notre association d’habiller les artistes, les leaders, cadres du pays. Dans notre école, nous sommes spécialisés dans la tenue vestimentaire de la chefferie, mais nous voulons aussi intégrer les styles contemporains. 

Réalisée par Marina Kouakou

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