Publié le 15 juillet, 2021

De nombreux jeunes se livrent de plus en plus à la course à l’argent facile. Plutôt que de se concentrer sur leur formation. VoixVoie De Femme a recueilli des avis sur la question dans les rues d’Abidjan.

Anick M’Bérie (consultante): « Les jeunes doivent avoir une formation basique »

« La course à l’argent rapide a un impact négatif sur la formation des apprenants. Aujourd’hui, à cause de la mondialisation, les jeunes sont plus dans les rêveries. Il y a la tentation de l’envie. Au lieu de se concentrer sur leur formation, ils sont distraits et veulent tout de suite gagner de l’argent. Pourtant la clé du succès, c’est d’abord la formation. Beaucoup de jeunes veulent se prendre en charge financièrement alors qu’ils refusent de se concentrer sur des formations qui les conduisent aux emplois. Il faut une grande sensibilisation parce que tous les jeunes sont gagnés par cet état d’esprit de gain facile.

Vierge Ayéchin N’Guessan, (Expert en Stratégie de développement des PME): « Il faut que les jeunes acceptent les formations »

« Il y a un temps d’apprentissage dans la vie de tout le monde.  Et après l’argent peut venir. Il est important de se concentrer sur ses études. Quand on regarde seulement l’argent, on ne peut pas se concentrer sur ses études. Et même ceux qui arrivent à avancer n’ont pas de compétences. Il faut avoir un programme de formation sur le développement des mécanismes qui prend en compte certaines compétences, à livrer des travaux de qualités, et avoir des professionnels sérieux »

Aka Patrick Melaine (expert international en management): «Les raisons sont liées à la mauvaise formation des jeunes»

« Les raisons sont majoritairement liées à la mauvaise formation de des jeunes gens. La formation théorique elle-même laisse à désirer. On ne parle même pas de compétence, de qualification parce qu’il n’y en a pas. Les étudiants arrivent généralement sur le marché de l’emploi dépourvus de toute attitude, il n’ont aucune compétence. Certains arrivent sur le marché de l’emploi avec un contenu uniquement théorique qui laisse aussi à désirer. Les différents diplômes ne correspondent pas aux besoins du marché. Il est sûr que ces personnes auront beaucoup de mal à s’insérer.

Nous avons mis en place un centre de formation. L’approche à travers ce centre de perfectionnement, c’est de faire des théoriciens qui sortent de nos universités et grandes écoles des personnes compétentes opérationnelles en une courte durée de 1 à 3 mois. Nous les recevons dans de grandes écoles pour des séances assez pratiques et calquées. Nous les mettons en situation réelle de travail et elles sortent de là opérationnelles en une courte durée».

Sandrine Ochou, Journaliste-Entrepreneure: «Ils ne donnent pas le meilleur d’eux »

« Les jeunes ont un manque de patience et n’ont pas le sens du sacrifice. Il est vraiment difficile de comprendre que des personnes ont la formation théorique et refusent de se frotter à la réalité sur une petite période pour avoir une formation pratique qui pourrait leur ouvrir des portes. On arrive pas à comprendre que ces jeunes refusent de poser des actions bénévoles qui pourront parler en leur faveur. Ils n’ont pas des objectifs à court et à longue terme, cela impact forcément leur formation.

Ils ne travaillent pas par passion, ils ne donnent pas le meilleur d’eux-mêmes. Ils se disent que ce qu’ils font n’apporte pas assez d’argent. Il faut qu’ils sachent que c’est après avoir démontré ce qu’ils savent faire qu’ils pourront impacter positivement sur leurs revenus. Les jeunes doivent comprendre que se former est important, c’est l’une des choses qu’on ne pourra pas leur enlever. Il faut qu’on allie la formation théorique et la formation pratique. Il faudrait qu’ils puissent choisir leurs formations eux mêmes. Les formateurs doivent aussi avoir des contenus adaptés. Ces éléments pourront permettre d’avoir des formations de qualité. »

Zoho Alex (étudiant): «Plusieurs contextes poussent ces jeunes à arrêter leurs formations»

«S’ils ont des parents qui s’en sortent très bien financièrement, cela leur permet d’obtenir ce qu’ils veulent. Il faut noter qu’il existe plusieurs contextes qui poussent ces jeunes à arrêter leurs formations. Parfois, ils n’ont pas les moyens, le transport même pour se rendre au travail ils ne l’ont pas. Tous ces détails peuvent conduire l’enfant à abandonner sa formation. Il va opter pour le gain facile comme le broutage, le vol etc.

Que les jeunes comprennent l’importance d’être bien formés parce qu’on le voit dans plusieurs domaines aujourd’hui. Les gens ne sont pas compétents».

Konan Jonathan (ingénieur technicien informatique): «Le bonheur est dans l’apprentissage»

«Tout le monde à besoin d’argent mais, cela ne doit pas être la priorité. La compétence est absolument nécessaire car sans elle on est limité. Pour avoir de l’argent, il faut être compétent. C’est pourquoi je dis que le bonheur se trouve dans l’apprentissage.

Nous sommes jeunes et nous aspirons à avoir de l’argent mais il faut que se soit dans un travail que nous aimons, ce qui demande forcément une bonne formation de base. Lorsqu’on obtient de l’argent via un travail qu’on aime pas, certes on a de l’argent, mais on n’est pas forcément heureux. Pourtant lorsqu’on aime le travail, on veille à avoir une formation de qualité et l’argent vient seul. ».

Cyrille Diboho, Agent Administratif« Une personne qui ne se forme pas est un danger pour la société»

« Quel que soit le sexe, la formation est primordiale à toute chose. C’est ce qui détermine l’attitude, le pouvoir de faire quelque chose. Une personne qui n’est pas formée est un danger pour la société et elle-même parce qu’elle n’a pas de compétence. Elle va bâcler le travail. Les gens aiment la facilité, ils ne veulent pas transpirer, on le voit avec les brouteurs et autres… C’est cette facilité qui amène les jeunes à délaisser la formation pour l’argent rapide. Or, il faut avoir un bagage suffisant pour se hisser dans la société».

Diande Salimata, commerciale: « Le pays a besoin de personnes responsables».

«Avec l’impact des réseaux sociaux lorsqu’ils voient leurs amis s’en sortir financièrement, et des influenceurs qui arrivent à se gérer sans véritablement avoir des boulots concrets, certains jeunes veulent faire comme eux. Nous sommes dans un pays qui a besoin de responsables. On aimerait que les jeunes aient une formation de qualité pour le bon fonctionnement du pays. Il faut savoir que l’ État a aussi sa part de responsabilité. Il y a plusieurs cas comme cela. Après avoir suivi une bonne formation, les diplômés se retrouvent sans emplois, c’est ce qui amène souvent les jeunes à abandonner leur formation, il faut qu’ils aient un emploi garanti».

Ledjou Adèle, commerçante: « la formation est nécessaire»

«Ses jeunes ne savent pas ce qu’ils veulent. Nous sommes dans un monde où la formation est nécessaire. C’est ta formation qui te permettra d’offrir tes services aux gens, si tu n’es pas qualifié tu ne pourra pas conserver ton poste plus longtemps parce qu’on a besoin des personnes compétentes. Ce qui peut conduire très souvent au vol, ou à des méthodes illégaux pour obtenir de l’argent».

Aka Danielle Sympathie (professeur d’anglais): « Il faut changer notre méthode d’apprentissage »

«Est-ce que les formateurs sont compétents eux-mêmes? Les jeunes ont souvent un intérêt ailleurs, donc il faut adapter des méthodes d’apprentissage aux jeunes d’aujourd’hui. Si on constate que les jeunes s’amusent, est-ce qu’on ne peut pas apprendre en s’amusant ? il faut montrer que la formation n’est pas aussi compliquée qu’ils le pensent.

Il est vrai qu’ils aiment l’argent facile mais ce n’est pas seulement les jeunes. Tout le monde est concerné. Ce n’est pas mauvais d’aimer l’argent mais il faut l’obtenir honnêtement. S’ils détestent leurs formations ce qui signifie qu’ils ne les aiment pas. Les parents sont souvent responsables car ils poussent l’enfant à suivre une formation qu’il ne veut pas. Laissez les jeunes choisir ce qu’ils veulent faire. Si c’est une voie légale, il faut les encourager ».

Mamadou Sanogo ( stagiaire)

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