Le vendredi 14 Aout 2020, sur 311 224 candidats, 124 728 ont été déclarés admis soit un taux de 40,08%. Parmi les candidats recalés, la Direction des Examens et Concours (DECO) a relevé 16.428 cas de fraudes. Un chiffre alarmant contrairement aux années antérieures. Ce fait à susciter la réaction du ministère de l’Éducation national, et les organisations qui œuvrent pour le bon déroulement du système éducatif. Les candidats « fraudeurs » mécontents, qualifiant cet acte d’injuste, ont fait un sit-in dans les rues du plateau à la tour (voir D. https://voiedefemme.net/fraude-aux-examens-pourquoi-le-phenomene-saggrave/ ). Le phénomène de fraudes aux examens à grand tirage devient récurrent malgré les sanctions et les conseils prodigués aux élèves.  La rentrée scolaire 2021-2022, est fixée pour le lundi 13 septembre2021. Quand est-il des fraudeurs ? Voix Voie de Femme part à la rencontre des différents acteurs pour en savoir davantage.

Que risque-t-on en cas de fraude avérée aux examens ?

L’exclusion de l’école et l’interdiction pendant cinq ans, la sanction maximum de se présenter au même examen selon la commission disciplinaire.                           

Joint par appel M. Claude Kadjo Aka est président de l’Organisation des Parents d’Élèves et Étudiants de Cote d’Ivoire (OPEECI), consultant en éducation auprès du ministère de l’Éducation National explique que les sanctions des fraudeurs dépendent de la gravité de l’acte. « La commission nationale de discipline de la DECO est chargée de proposer les sanctions déjà prévues par la commission. Après la tenue de cette séance de travail par la commission, qui est interministérielle. Les conclusions sont remises au ministère qui décide et fait appliquer.
Le fraudeur peut écoper d’un an, deux ans, jusqu’à cinq ans d’interdiction de passer l’examen». précise-t-il.

Après avoir épuisé le nombre d’années de sanction, l’élève peut de nouveau se soumettre à l’examen. « C’est pourquoi les parents doivent conseiller leurs enfants pour éviter la tricherie qui retarde gravement leur parcours scolaire ». Les parents restent tout de même complices des actes de leurs enfants, selon M Claude Aka « il faut remarquer que certains parents sont complices de leurs enfants dans les fraudes. Ils doivent éviter et cultiver d’autres comportements pour aider leurs enfants à bannir la tricherie et se mettre au travail. » pour le consultant tout doit commencer par une bonne éducation des parents. Avant d’aboutir à celle de l’école « les fondateurs des écoles privées ne sont pas des philosophes. Tous les moyens sont bons pour avoir de l’argent pour eux. C’est aux parents d’être honnêtes, de jouer franc jeu, et de rechercher de bonnes conditions de succès pour leurs enfants. »

La position de la FESCI

 » Seul dans l’aventure, les élèves n’ont que le soutien de la Fédération Estudiantine de Côte d’Ivoire (FESCI). La FESCI par le biais de son secrétaire générale Allah Saint Claire, continue de mener la lutte en cause des « présumés fraudeurs » comme il nous faisait savoir dans un précédent article, « c’est maintenant que le professeur Mariatou Koné vient d’arriver. Tous les courriers que nous avons déposés seront à nouveau dans une autre démarche. Et aujourd’hui elle met en marche toutes les propositions qui ont été faites. Il y a des exemples de réforme que la ministre a apporté. Comme le retour de la dictée, la suppression des annexes. Nous allons encore vers elle pour signifier qu’il y a des ratés dans les examens à grands tirage »

Néanmoins la position de la fédération reste primitive d’un cas de fraude. « Mais cela ne signifie pas que la FESCI prend position de la fraude. Non ! il y a deux types de fraudeurs. Il y a ceux-là qui ont été pris pendant la composition en flagrant délit de fraude ; nous ne pouvons pas défendre ces derniers, on refuse même de plaider pour leurs causes. Cependant Il y a d’autres qui ont composé en toute tranquillité sans se faire prendre. Et se retrouve le jour de la proclamation des résultats avec des cas de fraudes. A leur niveau c’est un peu compliqué, il ne faut pas blâmer tout le monde. Parce qu’il y a des candidats qui ont travaillé sans tricher mais qui peuvent être victime de tricherie. Et à la correction ils se retrouvent avec des copies conforment. C’est de ça qu’il s’agit. Celui qui a été pris en flagrant délit de fraude ne doit jamais compter sur la FESCI, car nous ne faisons pas la promotion de la médiocrité. » insiste Saint Claire.

Attention aux vendeurs d’illusions…

En effet, certains élèves dont le délit de fraudeur a été sanctionné par une interdiction de se représenter au même examen, faisant fi de la sanction ont décidé de renouer avec l’école.  
« J’ai fait neuf mois de cours cadeau… » Touré Tenin, ancienne élève de terminale D, aujourd’hui candidate au concours de police à défaut de reprendre les études et de repasser le BAC. Tenin reconnue coupable de fraude a pu s’inscrire dans un établissement privé pour l’année 2020-2021. Les responsables de cet établissement lui ont fait la promesse qu’elle pourrait repasser le BAC malgré l’interdiction. Malheureusement à la proche de l’examen, elle se retrouve sans convocation. « Dans mon centre où j’ai composé, tous les candidats ont reçu des fraudes. Comme le dit la loi, c’est après 5 ans encore que je pourrais passer le bac. J’avais 20 ans. C’est à 25 ans que je serai autorisée à repasser mon BAC ! C’est trop long.Mon père a donc décidé de voir s’il y a une possibilité pour que je compose l’année suivante. De bouche à oreille, nous avons appris que c’est possible de composer à nouveau. Mais à condition qu’il paye une somme de 200.000Fcfa ce que mon père a fait. L’établissement à faire croire que le problème a été résolu. Je suis allé à l’école, dans la joie car pour moi j’avais encore une nouvelle chance. J’ai fait les 9 mois de cours. Après avoir fait l’inscription en ligne. Mais malheureusement en fin d’année lorsque le moment arrive de passer les examens, tous les autres se retrouvent avec leurs convocations. Sauf moi. Je me rends à l’école avec mon père pour en savoir davantage. Arrivé on nous dit que c’est la sanction de fraude qui continue. J’ai réalisé que j’avais fait 9 mois de cours cadeau ». témoigne-t-elle.

Comme Tenin nombreux sont ces élèves qui ont aussi tenté de suivre les cours malgré la sanction de fraudes. C’est le cas de Koffi Charles Emmanuel qui, quant à lui décide de se présenter au concours de gendarmerie. Emmanuel, dans un précédent papier sur le sujet a nié avoir participer à un quelconque acte de tricherie. Il décide lui aussi de se présenter à nouveau aux examens. « Avant d’aller m’inscrire, je me suis d’abord renseigner si c’était possible. Auprès de l’administration de mon école, et ensuite des amis qui sont bien orienté dans les études. Ils m’ont dit que c’était possible. Dans mon école ils m’ont dit que les années étaient différentes, il y a certaines personnes l’année surpassé qui étaient en délit de fraude, mais ont pu passer l’examen. Donc c’est possible dans mon cas de passer l’examen. J’ai fait l’inscription en ligne, sur le reçu c’était validé terminale. Ce qui m’a rassuré. Avec les parents nous avions vu que c’était possible de faire les cours et passer l’examen. À ma grande surprise en fin d’année, j’apprends par mon administration que ma convocation ne sera pas disponible. En raison de la sanction de la fraude qui continue. Ce qui m’a poussé aujourd’hui a tourné le dos à l’école. Ils ne m’ont pas précisé le nombre d’année exact pour la sanction ».

La méconnaissance des procédures accentue la crainte des parents

« Je suis déconcertée. Ma fille a reçu sa collante avec la mention « fraude ». Elle a zéro à toutes les matières. Elle n’a pas été prise en flagrant délit de fraude pendant la composition. J’ai voulu aller faire des réclamations pour comprendre, cela m’a été déconseillé. L’on m’a dit que si je m’y rends avec ma fille nous serons arrêtées et déférées à la MACA. J’ai pris peur. Je ne connais aucune procédure à faire dans ce cas. J’ai appris qu’à la correction sa copie était conforme à celle d’un autre élève en français. Elle a reconnu avoir regardé sur la copie de son voisin. C’est vraiment regrettable. Malgré tous les conseils que nous lui avons donnés. » dit la mère les larmes aux yeux. Sa fille a passé le BEPC 2021 « Je ne connais pas la sanction dans ce cas précis. On m’a dit que c’est cinq ans d’interdiction d’aller à l’école et de repasser le BEPC. Ma fille a 15 ans.  Que faire ?  C’est la rentrée des classes le lundi 13 septembre 2021 pour l’année scolaire 2021-2022. Combien d’années pour son cas ? Je ne sais pas où aller pour plaider. Comment continuer l’école ? »  Se lamente Mme B. Yasmine.

C’est le cas de nombreux parents de candidats ayant été déclarés « fraudeurs ». Pour les parents la sanction est trop sévère. Quel avenir pour leurs progénitures ? Est-il possible de les inscrire dans les formations professionnelles ? Des raisons qui poussent certains élèves à apprendre un métier. Et d’autres suivent des formations supérieures sans le BAC. Malheureusement pour certains c’est la fin. Ils vagabondent dans les rues en attente du terme de la sanction.

Bekanty N’KO

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