Publié le 7 février, 2022

Leurs interventions auprès des populations sont de plus en plus mal perçues. Les résidents pensent, à tort ou à raison, que la police municipale ne fait pas son devoir régalien. Celui, entre autres, de prévenir et de surveiller l’ordre, la tranquillité, la sécurité et la salubrité publiques. Pis, les populations estiment qu’elle s’invite là où il ne faut pas en outrepassant ses compétences. 

« La police municipale a un rôle très important dans une commune. Comme c’est une police elle a le droit d’avoir sa base. Et non la laisser trainer dans les mairies comme c’est le cas dans certaines communes », fait-il savoir Adou Barthélemy, un agent de mairie. C’est donc à juste titre, pour lui, que le maire Gilbert Kafana a doté sa police municipale des locaux dignes de ce nom.

De nombreuses récriminations

Le constat est alarmant et toutes les populations se plaignent des agissements et du comportement de leur police municipale. Descentes musclées dans les commerces sans sommation, confiscation des objets des commerçants et autres petits opérateurs économiques, chantage sur les boutiquiers, les vendeuses, brutalité, utilisation de la force…la liste est trop longue des récriminations des populations à l’encontre de la police municipale. Autant d’actes qui mettent les riverains en colère. Et, petit-à-petit, la grogne, la contestation, le manque de respect, la rébellion s’installe.  « Ils font un bon travail, c’est une très belle initiative. Sauf qu’on veut les voir à l’œuvre d’une autre façon. Sur des choses utiles. Dans le marché nous sommes exposé aux dangers, ils doivent penser à mieux nous protéger que de venir chaque jour réclamer les taxes. J’ai l’impression que c’est seulement pour ça qu’ils sont ici. Dans les autres communes les agents municipaux sont vraiment en activité, on les voit veiller sur la population », plaide Agnès, commerçante au marché de Sicogi où des agents municipaux sont constamment présents. Même son de cloche chez Bamba Drissa, propriétaire de magasin de vente de portable. Pour lui, les agents de la police municipal en font trop. « Ils exagèrent dans l’utilisation de la force. Chaque jour la police municipale confisque maladroitement les choses des gens sans raison valable. Ce n’est pas bon », estime-t-il, amer. « A chaque fois, mes ustensiles de cuisine sont emportés par les agents de la police municipale si je ne paie pas ma taxe. Parfois même, ils se transforment en agent d’hygiène pour confisquer nos affaires. Ce n’est pas normal ! », martèle Koffi Adjoua, tenancière de restaurant au quartier Toit rouge.  

À couteaux tirés…

En plus des commerçants et petits opérateurs économiques qu’ils se sont mis à dos, les agents de la police municipale de Yopougon sont à couteaux tirés avec les transporteurs de la cité de la joie.

Désormais, les agents de la police municipale commis à la régulation de la circulation retirent les permis des chauffeurs et leurs collent une contravention. « Ce n’est pas leur rôle », lance Coulibaly Adama, conducteur de mini car (Gbaka). « Un agent de la police municipale ne doit pas réclamer un permis de conduire à un chauffeur pare qu’il n’est pas assermenté comme le policier. Qu’ils arrêtent de nous arnaquer sur les voies. Trop c’est trop ! », martèle-t-il, en colère.

En effet, les taxes, les rackets, les retraits des permis de conduire pour de nombreux motifs, disent-ils, sans fondement, les transporteurs de cette commune n’en veulent plus. Ils interpellent le maire à y mettre fin au risque d’arrêter toutes leurs activités.

« C’est un bon boulot de la mairie. Mais, nous déplorons les mauvais comportements et le manque de respect de nos policiers municipaux, sur les commerçantes et automobilistes », déplore Youssouf, un syndicaliste du secteur.  

Une méconnaissance des attributions du policier municipal ?

En tout cas, les agents de la police municipale ne sont pas en odeur de sainteté avec une grande frange de la population. Ces derniers leur font-ils un mauvais procès ? Oui, rétorque Christian, un policier municipal. « La police municipale est ne police administrative. Elle se doit de veiller au maintien de l’ordre public. La sureté, la salubrité publique, la tranquillité, la sécurité des biens, de personnes et le respect de l’ordre économique. Cette mission est mal perçu par les populations », explique-t-il avant de révéler qu’ « un agent de police municipale est un agent territorial placé sous l’autorité du maire qui l’emploie. Il obéit aux ordres du maire de la commune. Et a pour mission la prévention et la surveillance du bon ordre, de la tranquillité, de la sécurité et de la salubrité publiques ». Selon lui, « la police municipale possède le pouvoir de police administrative mais aussi de police judiciaire », c’est pourquoi, estime-t-il que « la présence de la police municipale est importante dans tous les quartiers 24 h/24 » car, « elle veille à la tranquillisation de l’espace public et des équipements municipaux. »

Pour Christian, il faut sensibiliser sur les rôles d’une police municipal. « La prévention et la lutte contre les incivilités reste un défi à relever pour nous à Yopougon ici. Pour les automobilistes qui se plaignent de nous, ce qu’ils ne savent pas, nous sommes aussi chargés de réguler la circulation à l’intérieur du périmètre communal et veiller à la fluidité du trafic routier. Donc s’il y a infraction c’est notre rôle d’intervenir », argumente-t-il.  

Redorer le blason

Au parfum de cette situation, le maire Gilbert Kafana Koné, a lancé un appel au respect des agents de la police municipale. « Je voudrais appeler au civisme des uns et des autres dans le respect de la réglementation et surtout au respect des forces de l’ordre. Et particulièrement de la police municipale que l’on a tendance à présenter comme un corps étranger » a-t-il exhorté avant d’indiquer que « la police municipale est une autorité qui a prêté serment et qui contribue à l’ordre dans la commune. Elle est née de la loi et détient un pouvoir qu’elle exerce en toute légalité ».  

Bekanty N’ko (Stagiaire)

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